L’ambivalence du chomage

Semaine 1 & 2 : la culpabilité

Je ne suis pas au chômage depuis deux jours que je me sens déjà coupable. Coupable de quoi au juste ? Coupable de ne rien faire de mes journées. Rien faire au sens « prendre le métro, aller m’asseoir sur une chaise et faire des trucs pour une entreprise » car je travaille ! Je bosse à fond pour moi : je refais mon portfolio, je crée, je pense à des projets, je réalise ses projets, je filme, je monte des petites choses, je postule, je refais mon CV, mes lettres de motivation. Mes journées se suivent à un rythme très soutenues et ne se ressemblent pas du tout.

Je découvre le fait d’être chez moi en pleine journée, j’entends les enfants jouer car j’habite à côté d’une école. Je découvre que mon chat dort vraiment toute la journée ! Je peux déjeuner sur ma terrasse. Je peux jouer, puis me remettre à travailler. Je garde un rythme de vie proche des travailleurs. Je suis à ma table à 9h et j’en sors à 17h. Ça me semble parfait.

Et pourtant.

Je suis complètement perdue. J’ai peur de ne pas valoir ce que je crois que je vaux. J’ai des compétences techniques que je ne veux pas mettre en avant car j’aimerai mettre en avant mes aptitudes pour le graphisme. D’ailleurs ça ne loupe pas, les chasseurs de tête m’appellent que pour des boulots d’intégration, la moitié de mon poste, la moitié qui m’intéresse le moins.

Et les mêmes questions qui tournent. Est-ce que c’est stupide de s’accrocher à l’idée que je vais trouver un boulot qui me plait ? Est-ce qu’il ne faut pas prendre un travail, quel qu’il soit ? Est-ce que je ne suis pas trop utopiste de penser comme ça ?

En plus, à ce moment, je tombe par hasard sur pleins d’articles, images, émissions de radio qui parle de l’importance de faire ce que l’on aime. Comme pour l’injonction d’être heureux, cela me donne de la motivation et paradoxalement cela me fait sentir coupable si jamais je prenais un travail qui ne m’intéresse pas.

Semaine 3 & 4 : profitons-en !

Et puis cela passe. Je me dis que je dois profiter de ce temps qui m’est offert pour vivre un peu ce que je n’ai pas le temps de vivre le reste du temps. Je vais au musée, je regarde des films, je sors, je glande. L’avenir me semble lointain. Dans deux mois, je m’y remettrai plus sérieusement.

On me parle de plus en plus de faire de la freelance. Cela me plait mais me fait peur en même temps. Je n’ai pas de carnet d’adresse, pas de références. Alors je blinde ce que je sais faire. Je refais vraiment mon portfolio, je crée ma page FaceBook pour pouvoir avoir une vitrine dessus, je monte ma première vidéo, je note toutes mes idées dans un carnet pour les réaliser les unes à la suite des autres, je créer des logos pour ma sœur, tatoueuse.

Après le 1e mois : retour en arrière

Je comprends pourquoi il y a tant de désillusion quand on parle du pôle emploi. Ma conseillère a coupé court à toutes mes envies et motivation. Elle a ri pour mon choix premier de vouloir un travail qui me plait ou de faire de la freelance. C’est bien, elle est réglée pour nous faire peur ou nous remettre dans le droit chemin. Mais pourquoi ?

Justement je suis jeune, pourquoi ne pas m’encourager à prendre des risques ? Pourquoi brider les rêves ? Je commence à comprendre la différence entre la France et l’Amérique. Je commence enfin à comprendre ce que ceux qui partent disent ! Passer à pôle emploi me fait enfin prendre conscience que notre culture est une culture de sécurisation, de rester à sa place et surtout de ne pas prendre de risque.

Maintenant, à moi de choisir si je me laisse emporter par son expérience à elle ou si je lutte contre ce courant de facilité. C’est très dur pour moi qui suis d’un naturel prudent et pourtant là, au fond de moi, ça chauffe, ça veut sortir.

Cet article n’a pas du tout pour vocation à créer de la pitié, juste à exposer des faits et des sentiments sur ce que peut être le chômage, cette grande bête noire. Y être permet de comprendre les résignées, les énervés. On arrive avec l’énergie et on se fait couper les jambes. J’espère que ce n’est pas pareil pour tous. Je l’espère vraiment.

Je vous laisse avec Pierre Rabhi, qui a tout compris. Portez-vous bien !

pierre rabhi

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