Le dernier loup

Le dernier loup est un peu le genre de film que j’aime juste parce qu’il y a des loups dedans. Je trouve cet animal magnifique, majestueux et spirituel. J’ai du mal à me rendre compte que Jean-Jacques Annaud est réalisé beaucoup de film que j’aime (Le nom de la Rose, Stalingrad) ; il est un peu touche à tout dans son style : autant de films centrés sur les humains que sur les hommes. Voici une parfaite synthèse des deux univers.

Le dernier loup est l’adaptation du roman de Chen Zhen (Feng Shaofeng) « Le totem du loup », le livre chinois le plus lu en Chine après le Petit Livre Rouge de Mao Zedong. Il raconte l’histoire vraie de son auteur qui est parti vivre en Mongolie pour y enseigner le chinois pour la révolution culturelle du leader communiste. Il vit au milieu d’une tribu de mongol, devient un berger et apprend à survivre dans la steppe. Un decret arrive et ordonne de tuer tous les louveteaux des alentours. Prétendant à une expérience, il en enlève à une louve pour l’élever.
Le dernier loup de Jean-Jacques Annaud
Le dernier loup de Jean-Jacques Annaud

Ce film relate de beaucoup de choses. La première est l’ordre des choses qui ne doit pas être modifié. La nature est bien faite et l’homme ne devrait pas interférer avec elle. Chaque acte a ses conséquences, tout est calibré, chacun est à sa place. L’herbe fait vivre la steppe, l’herbe est mangée par les gazelles qui nourriront les loups. Tuer les loups revient à tuer la steppe entière (voir l’expérience du Parc de Yellowstone). Mais l’homme croit qu’il a le pouvoir de choisir de les détruire tous parce qu’il s’est approprié les moutons et les chevaux. Il tient à ses possessions et préfère tuer sa terre et ses loups plutôt que d’abandonner ces troupeaux.

La deuxième chose est plus positive car elle prône les valeurs des mongoles, peuple souvent considéré comme primitif et pourtant si vrai dans leurs coutumes. Ils respectent leurs places, ne prennent pas plus que ce qu’il faut et rendent le moment venu. Cela est contrasté par les chinois venus s’étendre sur leurs terres et pilier celle-ci. Mais comme dirait le vieux Bilig : « il faut vivre avec son temps » même s’il déplore la destruction de sa steppe.

La troisième est la beauté et la vénération faites aux loups. Je ne sais absolument pas comment sont filmés les loups mais ils sont magnifiques. Il se dégage d’eux une force quasi mystique. Ils sont montrés comme intelligents et naturels, les spectateurs sont les seuls à leur donner des émotions humaines. Ils sont aussi montrés dans leur cadre de vie, dans le cycle naturel, ils ne tuent pas pour se faire plaisir mais pour vivre. Ils sont remis à leur place de chasseur régulateur.

Et enfin, comment se sortir d’une situation qui partait d’un bon sentiment ? Comment réparer le mal tout en voulant faire bien ? Comment élever une bête qui ne devrait pas être touché par l’homme ? Chen Zhen voulait bien faire en sauvant ce loup mais les conséquences sont graves. Le loup est sorti de son environnement, comment le rendre ensuite capable de chasser ? Il est dangereux pour l’homme en grandissant, il n’est pas comme un chien, domestiqué depuis des générations.

Ce film est dur pour moi car je n’aime pas la violence gratuite envers les animaux. Nous tuons nous-aussi pour manger et nous trouvons ça « normal » ; pourquoi les loups n’auraient pas cette chance ? En plus, j’aime le loup, je n’ai jamais cru qu’il était méchant comme les contes veulent nous le faire croire.

J’ai beaucoup aimé ce film pour son authenticité. Les décors sont somptueux et gigantesques. Souvent les personnages sont filmés en bas de l’écran pour laisser voir l’étendu du paysage. Les couleurs sont intenses, les rendus sur les yeux des loups pénétrants et la scène du blizzard immersive. J’ai eu du mal au début avec des plans basiques, trop plats mais c’est choisi et voulu. La musique est aussi très belle et bien choisie.

Un très bon film, on ne s’ennuie pas mais il faut aimer les cultures étrangères à la notre et à une vision proche de la nature originelle pour être touché. Ouverture d’esprit car cela traite aussi de ce que j’apprend en chamanisme : « il a choisi de tomber là » est une phrase parfaite pour comprendre ce que le chamanisme est.

Portez-vous bien !

le dernier loup

 

Add a Comment

You must be logged in to post a comment