Le Einfühlung, « ressenti de l’intérieur ».

Bouddha dans la forêt
Bouddha dans la forêt

Je suis empathique. Mais ça va.

Pourquoi aborder le sujet maintenant ?

Parce que récemment une jeune fille s’est fait poussée sous un train à 50m de chez moi, dans ma gare RER. Si je n’avais pas d’empathie, j’aurai été choquée comme tout le monde et basta. Mais l’empathie t’empêche de dire basta. Depuis vendredi, j’y pense sans cesse. Je me pose toujours les mêmes questions « qu’a t-elle ressenti ? », « a quoi pense t-elle ? » ou « comment l’aider ? ».

Parce qu’en ce moment, la période est très triste pour pleins de mes amis. Rupture, accident, maladie et j’en passe. Tous s’est abattu en moins d’une semaine.

Parce que dans deux semaines, ça sera le premier anniversaire de la mort de mon grand-père. Et parce que c’est la pleine lune 🙂 ou pas. Bref.

Comment ça marche ?

Étymologiquement, l’empathie, c’est « ressentir à l’intérieur ». Si un proche pleure, je pleure. Si quelqu’un dans le métro pleure, je pleure aussi. La plus étrange est l’autre que je me vois en souvenir pleurer; bah je me remets à pleurer alors comme si je me consolais d’avoir été un jour triste. Vous avez dit bizarre ?

Heureusement ça fonctionne aussi avec la joie ! Quelqu’un qui significativement est heureux, je vais moi aussi ressentir son bonheur, je serais heureux pour lui. Mais moins, je trouve. Comme si la tristesse était toujours plus forte que les autres sentiments. Je suis plus enclin à pleurer devant un film mais aussi rire (celle qui rigole seule au ciné, c’est moi, de quoi se faire engueuler pendant le dernier Astérix, qui n’a pas du plaire à mon voisin de devant). Je ne sais pas si être empathique va de pair avec la sensibilité accrue au monde. Mais ce que je sais ce que je déteste les conflits, y compris ceux dans les lieux publiques. Le pire étant la matin dans le RER ou le métro. D’une, je ne comprends pas pourquoi les gens sont si agressifs entre eux et de deux, est-ce bien la peine au final ?

A long terme, ça se vit bien. Je n’ai pas de raison de me plaindre, bien sur. Mais ça pourri gentillement la vie. J’ai l’impression d’avoir plus souvent le bourdon que d’autres puisque n’importe quoi me touche. Si je suis dans une bonne période, ça va seulement m’affecter en surface, comme si j’avais toujours un voile sur ma joie. Parfois même, je peux passer, en moins de dix minutes, de contente à tristouille.

Si j’ai moi-même des raisons d’être triste et que d’autres événements extérieurs viennent s’ajouter (rupture, accident ou échec de mes proches), ça multiplie mes propres mauvaises pensées. Je les incorpore. Je les fais miennes. Je porte avec l’autre sa souffrance. J’essaye de me raisonner, et de me rendre compte que ce n’est pas ma tristesse. C’est un travail de longue haleine.

Mais sinon ?

Le seul avantage à l’empathie est la proximité émotionnelle que l’on obtient avec ses proches. Je les comprends mieux et plus vite, contrairement à l’autisme souvent caractérisé par une absence de relation émotionnelle avec l’autre. Bon, certaines personnes sont très faciles à comprendre, c’est limite écrit sur leurs fronts; mais pour les autres ou par SMS, c’est plus compliqué. Je sens quand on me « ment » ou quand on cache ses vrais sentiments.

A contrario, je suis déçue quand personne ne détecte pas quand je vais mal. Avant, j’en voulais beaucoup a mes proches. « Pourquoi je vois quand ca va pas mais pas eux ? ». Tu finis par croire qu’ils ne font aucun effort pour toi. Puis j’ai grandi et relativisé. Un, peut-être parce que je le cache bien ; deux, c’est comme ça. Alors, j’ai appris, et j’apprends encore, à dire clairement que je vais mal. Et ça va mieux. J’ai appris à me dire que ce n’est pas la honte de dire qu’on va mal. Avant, je culpabilisais à le dire ouvertement, comme si je devais le cacher et que les autres devaient deviner.

Alors si je pleure dans le métro, d’un seul coup, sans raison, ne vous en faites pas. C’est passager.

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