Le premier homme

Il y a des livres qui vous passionnent dès la première page et les autres. Le premier homme d’Albert Camus fait partie de cette première catégorie. Roman posthume du philosophe humaniste, il y raconte son enfance en y changeant tous les noms jusqu’à se nommer lui-même Jacques Cormery. Ce livre a été écrit pour sa mère, pour qu’elle sache qui il était, même si celle-ci ne pourrait jamais le lire un jour.

Je ne sais pas si c’est son écriture claire et sans emphase, ou son regard juste et calme sur son enfance, ou sa vision pleine d’amour pour la misère et sa mère qui m’ont plu. On parcourt les rues d’Alger après la guerre, des rues où la vie d’un petit garçon prime sur la pauvreté. On y voit des gens simples, peu ou pas éduqués mais qui ont pourtant un cœur. Un cœur parfois dur comme celui de sa grand-mère qui sait ce que l’argent vaut, un cœur tendre et silencieux comme celui de sa mère ou encore un cœur brave comme celui de son oncle. Jamais une once de violence pour les autres, pour les arabes avec qui ils vient ou les français métropolitain qu’il ne connait pas. Bercé entre deux voire trois cultures, il se pose en observateur du monde qui l’entoure. On y découvre donc les prémices de ce qui, ensuite, fera de lui le grand écrivain mondialement reconnu.

albert camus

Il ne dépeint jamais son monde comme un monde triste et morose, il ne donne pas à la misère une manière d’être mais plutôt un combat de chaque instant où le seul plaisir est de vivre pleinement et d’aimer la vie. C’est ce qui l’inspirera toute sa vie à être humaniste, à ne voir que l’amour dans le monde plutôt que la guerre ou les conflits des hommes. Lui qui est né sans père, lui qui a du se faire seul, sans l’aide de sa mère, sourde et illettrée, il n’a jamais gardé rancune de ça, mais plutôt a obtenu les armes nécessaires pour être un homme bon. Ce n’est pas un hasard s’il a gagné le prix Nobel de littérature en 1957. Son oeuvre, séparée en trois cycles, l’absurde, la révolte et l’amour (cycle inachevé à cause de la mort précoce de Camus) est remerciée pour sa logique et sa justesse d’esprit.

Il y a donc, comme ça, des livres, des auteurs qui touchent plus que d’autres car ils ont en eux quelque chose de beau et de grand, de juste et de bienveillant. Albert Camus fait parti de ceux-là.

« Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser.  »

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