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Recommandations culturelles du mois de septembre 2022

Littérature

La griffe du chien de Don Wislow (2018)

La griffe du chien est un polar qui suit la carrière très mouvementée d’Art Keller, membre du DEA (Drug Enforcement Administration) qui a juré d’arrêter le trafic de drogue qui sévit au Mexique. On va aussi suivre beaucoup d’autres personnages qui vont tous graviter plus ou moins loin de ce trafic.

C’est un polar extrêmement dense. Je l’ai commencé sans savoir le nombre de pages et j’ai mis quasi 2 mois à le terminer, en lisant 1h par soir. Le livre retrace 10/20 ans de lutte contre le trafic de drogue, en nous immisçant dans les rouages à tous les niveaux (petits trafiquants, chefs, politiques et même une escorte de luxe et un prêtre). C’est un livre dur et difficile car le sujet ne rigole pas. Comme on suit tous les partis, on a quasiment tous les points de vue de cette histoire, ça humanise beaucoup les acteurtrices.

J’ai adoré car c’est très bien écrit, facile à lire, le style est brutal et direct. Les personnages sont très variés et bien écrits. Si on aime, on est parti pour beaucoup d’heures en compagnie de tout ce monde pour des heures de rire et de fun ! C’est faux.

Série

Staged, saison 1 & 2 (2020)

De Simon Evans & Phin Glynn

Avec Michael Sheen, David Tennant, Simon Evans

Série très inventive basée sur les deux acteurs Michael Sheen et David Tennant qui se mettent en scène dans leur quotidien pendant le confinement. On les suit pendant le confinement à devoir répéter une pièce de théâtre pour préparer le retour à la vie habituelle. 

Toute la série (sauf à de brefs moments) est mise en scène comme si nous étions en réunion avec eux, via Skype. Le réel et la fiction se mélangent car ce sont bien les vraies femmes des deux acteurs que l’on voit. Il y a des caméo pas piqués des hannetons qui passent dans certains épisodes. C’est une série plutôt drôle et émouvante, faite avec deux personnes qui s’adorent dans la vraie vie. Comme il y a une part de fiction, je trouve qu’on se demande toujours jusqu’où va le réel.

La saison est la préparation d’une pièce de théâtre, la saison 2 est la préparation de l’adaptation de la série que l’on a vu précédemment pour le marché américain. C’est une mise en abîme constante du réel et de la fiction. 

Très intelligemment faite comme série. Bémol, il n’existe pas de sous-titres français pour le moment.

Sandman (2022)

De Neil Gaiman & Allan Heinberg

Avec Tom Sturridge, Vanesu Samunyai, Boyd Holbrook, Vivienne Acheampong, Mason Alexander Park

Adaptation du roman graphique du même nom du même auteur, Sandman raconte les aventures du maître des rêves, Dream. La première saison suit deux aventures : l’emprisonnement de Dream puis l’histoire d’un vortex.

J’ai trouvé rêvé de lire les romans graphiques mais vu la taille, le poids et le prix, je n’ai jamais pu. Adorant Neil Gaiman, je ne pouvais qu’aimer. Il s’est toujours opposé à de mauvaises adaptations de son roman donc c’était plutôt bon signe. Et le résultat était là.

J’ai adoré la série. Elle m’a apporté tout l’onirisme et l’ésotérisme dont je raffole. J’ai enfin pu découvrir cet univers ainsi que ses sept déités veillant sur les royaumes des concepts attachés. Il y a des épisodes absolument fabuleux tant par leurs sujets que leurs qualités de réalisation, de rêves ou d’écriture. 

Les acteurtrices sont toustes superbes dans leurs rôles (même si j’entends qu’on trouve Dream trop dark sasuke). Et dans cette série, ce n’est pas 1 ni 2 ni 3 personnages LGBT ou racisés mais plus de la moitié du casting ! Il y a plus de personnages gay ou bi que d’hétéro, et plus de personnes racisés que de personnes blanches. Et bien sûr, un.e acteurtrice non-binaire magnifique. Rafraîchissant ! Surtout que Neil Gaiman a ouvertement dit aux rageux d’aller se faire cuire le cul s’ils n’étaient pas contents du casting.

L’écriture des personnages est vraiment bien (attendu de la part de Gaiman) car aucun personnage n’est positif ou négatif. Chacun a ses forces et ses travers. Dream en est le parfait exemple. Ce n’est pas la petite divinité sympatoche que l’on peut imaginer quand on pense aux rêves, mais bien un être égocentré, puissant, qui ne laisse rien passer mais peut se remettre en question et changer. 

La musique est absolument fantastique. Les décors sont sublimes et grandioses. Bref, une série fantastique qu’on aimerait qu’il en sorte plus souvent.

À voir si vous aimez la fantasy !

Sermons de minuit (2021) 

De Mike Flanagan

Avec Zach Gilford, Kate Siegel, Hamish Linklater

Recommandation de ma sœur. 

Midnight mass (ou sermons du minuit) est une série Netflix où l’on va suivre le retour sur son île natale d’un homme qui vient de passer des années en prison pour avoir tuer une jeune femme. En parallèle, l’île reçoit la visite d’un nouveau prêtre qui remplace l’ancien mais aussi la visite d’une étrange créature.

Cette série a été classée dans horreur mais à part quelques moments angoissants car on ne sait pas à quoi on a affaire, cette série ne se base pas du tout sur de l’horreur mais bien de la psychologie.

La grande force de cette série est son écriture. Il y a pas mal de monologues très puissants mais surtout des échanges teintés de fanatisme religieux si bien écrits qu’on a envie de défoncer son poste. Car cette série porte sur le fanatisme religieux et l’aveuglement à des croyances. Le personnage le mieux écrit est aussi le pire de la série car il nous montre que l’on ne peut jamais discuter, cette personne aura toujours une réponse toute faite grâce aux multiples phrases de la Bible. Même si, nous, on peut se rendre compte des contradictions, ce personnage ne vit que par la Bible et est complètement aveuglé dans sa pratique, qui la met en danger elle mais aussi tout ce village qu’elle semble vouloir aider et protéger. 

Ce que j’ai aimé, c’est que la religion chrétienne prend tarif pour de bonnes raisons mais à aussi des personnages qui sont des représentants plutôt cools de cette religion. Ce n’est pas tout blanc ou tout noir. Il y a aussi une confrontation faites avec l’islam car l’un des personnages n’est pas chrétien et cela donne des discussions très cools, où l’on voit bien que ce sont les personnes qui détournent et altèrent souvent le message des religions (et non la religion elle-même qui est mauvaise, ce n’est qu’un outil de savoir-vivre).

L’autre thème très fort de cette série, à voir donc quand vous aurez les épaules pour gérer, car cela m’a mis en bad à certains moments, est le thème de la mort et de la finitude. Comment gère-t-on la fin des choses ? Comment gère-t-on la mort ? La disparition ? Et jusqu’où est-on prêt‧e à aller pour ne pas voir les choses finir ?

Les acteurtrices sont impeccables. La réalisation est sobre et juste. À voir si les thèmes vous parlent !

Film

Bullet Train (2022)

De David Leitch

Avec Brad Pitt, Joey King, Aaron Taylor-Johnson

Le tueur à gages Coccinelle est une personne poursuivie par la malchance. Il remplace pour une mission un collègue malade, et son seul job est de récupérer une mallette dans un shinkansen. Mais ça ne va pas être aussi simple que ça.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi drôle et jouissif que Bullet Train ! C’est un concentré d’absurde et de what the fuck pendant 2h avec une brochette d’acteurtrices toustes aussi cools les uns que les autres.

Ca m’a rappelé un peu un Snatch mais moins vitaminé car le montage s’approche d’un montage des monteurs de Guy Ritchie mais en moins maîtrisé. 

On retrouve aussi Snatch dans cette brochette d’assassin aux personnalités différentes et loufoques qui se retrouvent toustes dans ce train pour différentes raisons. J’ai évidemment adoré Coccinelle, joué par un Brad Pitt détendu du zlip et le duo Lemon et Tangerine qui sont vraiment très drôles et émouvants !

Ce film est si drôle que l’on se prend à n’en avoir pas grand-chose à faire de l’intrigue sérieuse et principale mais on souhaite juste voir les personnages interagir entre eux. Surtout que la malchance de Coccinelle apporte un soupçon de chaos non-négligeable. 

Bref, à voir si vous voulez rire un bon coup ! En plus, il y a quelques vannes conscientes de leur époque et j’ai trouvé ça intéressant.

Thor : love and thunder (2022)

De Taika Waititi

Avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Christian Bale

Gorr, dernier disciple d’un dieu qui l’a abandonné, perd sa fille et jure de tuer tous les dieux. Il va bien évidemment croiser la route de Thor et de… Mighty Thor !

Heureusement que j’ai forcé les gens à me dire ce qu’il y avait dans ce film car sinon, j’aurais jamais eu envie d’aller le voir. Et je serais passée à côté de quelque chialade. Même si pleurer ne rend pas le film mémorable.

Le thème qui m’a touché le plus est bien sûr, la relation père-fille de l’antagoniste. J’ai pleuré direct parce que ça fonctionne trop bien sur moi. Et dire que c’est Christian Bale qui m’a fait pleuré ! J’en reviens pas. Mais j’ai trouvé que pour une fois, il affichait un peu d’émotions que d’habitude.

[Spoil]

L’autre thème fort et intéressant, c’est la gestion de la maladie d’un proche et donc de sa future mort prochaine. Comme pour Gardiens de la galaxy 2, voilà un autre Marvel qui nous montre enfin la mort dans ses films et pas que pour les méchons. Le point faible d’un héros est que l’on a rarement peur pour lui car on sait qu’il va s’en sortir et qu’il y a aura une pirouette scénaristique pour le faire revenir. Ici, je m’attendais à ce qu’il y en ait une mais pas de pirouette, le personnage a disparu. C’est plutôt cool.

Ce n’est pas le Thor le plus mémorable pour autant. J’écris ce texte quelques semaines après l’avoir vu et je m’en souviens presque pas. Donc c’est un bon divertissement sur le coup mais pas impérissable en mémoire. 

À voir quand même si vous n’êtes pas dégoûté des Marvel/trend super-héros toussa

Vesper Chronicles (2022)

De Kristina Buozyte & Bruno Samper

Avec Raffiella Chapman, Eddie Marsan, Rosy McEwen

Vesper est une jeune fille née dans un monde dévasté et stérile où les Citadelles vendent des graines qui ne produisent qu’une seule récolte aux étrangers. Elle tente de survivre dans ce monde ruiné et chaotique par ses propres moyens tout en cherchant à rendre les graines fertiles à nouveau.

C’est un film de SF comme on en voit peu ! Déjà car c’est un film européen, donc moins de moyens que des prods américaines mais qui ne manquent pas d’originalités et d’astuces pour quand même rendre cet univers viable. Tout sent l’économie de moyens et de ressources pour servir quand même les spectateurtrices.

Et on a ce qu’on recherche. Un monde décharné où de nouvelles espèces ont vu le jour, où l’on n’a pas envie de vivre, où tout sent le rance et le pourri, où même les humains ne le sont plus vraiment. La mise en scène est sobre, quasi en huis clos mais cela laisse beaucoup de place aux personnages et à leur relation.

Ce monde est dur donc les gens sont durs entre eux. Vesper doit garder son père en vie, elle ne lui parle pas particulièrement bien mais on voit qu’il y est attaché quand même. La relation qu’elle avec son oncle est particulièrement dérangeante car lui est un homme de pouvoir qui ne se laisse pas faire par la situation (comme elle). C’est le principal antagoniste et pourtant, malgré tout ce qu’il fait, je n’arrive pas à le détester totalement car il fait ça pour survivre ainsi que faire vivre sa famille. C’est donc bien écrit.

L’écriture en tant que tel de tout le métrage n’est pas classique non plus car cela ne suit pas les canons habituels de narration (surtout ceux américains). On peut dire que le film rush sa fin ou que la fin n’est pas une fin, mais ça en est une quand on a bien écouté le but de Vesper. 

Bref, un film étrange mais très intéressant, un peu difficile par moment. A voir si vous voulez donner une chance à ce genre de production d’exister, ou parlez-en pour montrer de l’intérêt à ces projets hors-normes et qu’on ait la chance d’en voir d’autres apparaître.

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