Silence

Bonjour mes petites religions ! Aujourd’hui on va parler de Silence et accrochez-vous le voyage dure 2h40. Je l’avoue, pour moi, c’est passé crème.

Sebastião Rodrigues (Andrew Garfield) et Francisco Garupe (Adam Driver) sont deux missionnaires portugais bien décidés à aller chercher leur maître Ferreira qui aurait disparu au Japon. Le truc est que le gouvernement japonais ne veut plus de missionnaires sur son sol et traque les chrétiens. Les deux frères vont devoir se faire petit pour espérer retrouver leur Père.

En introduction, je vais me confesser : je ne suis pas baptisée, je n’ai pas lu la Bible et surtout je ne crois pas en un dieu unique. Donc la foi et le concept même de foi me passent à mille lieux mais j’imagine que pour d’autres cela existe. Donc j’ai dû à ne pas être pragmatique devant l’obstination des prêtres. Abjurer ou mentir pour sauver sa peau ou celle des autres ne me dérange pas vraiment. Mon instinct de survie est plutôt fort et vous pouvez le traiter de lâche sans problème.

Car tout l’enjeu du film est là. Bien plus que d’aller chercher un des leur, les deux prêtres vont devoir affronter leur foi. Jusqu’où iront-ils pour sauver leur foi, leur « vérité » ? Mention spéciale à Scorsese pour son intelligence à ne pas rendre « les opposants à la religion chrétienne » infâmes et sanguinaires. Ceux qui feront les tortures comme preuve de la sauvagerie des japonais sont ceux qui oublient que l’église a, elle-aussi, été inventive et punitive. Ils ont leur raison et cela donne lieu à deux savoureux dialogues sur la vérité, comment on peut être vu chez l’autre ou encore l’aveuglement de la foi. Bref, avant de dire que tel a raison ou tord, Scorsese propose les deux visions en même temps pour bien montrer que chaque monde, s’il ne se transcende pas et accepte l’autre, est voué à rester seul.

Porté par des acteurs extrêmement bien choisis, le film passe sans s’arrêter, sans vide. La beauté des paysages ne remplit pas le vide du scénario, très long. Pourtant les scènes sont simples. La répétition de la souffrance est nécessaire pour comprendre le héros à la fin. En y réfléchissant, j’ai dû mal à trouver des scènes à supprimer sans enlever un détail qui s’ajoute pour la conclusion. Conclusion qui aurait pu être différente si le réalisateur avait été un pur américain un peu trop religieux. Je félicite encore Scorsese qui ne verse pas dans la facilité. Il y a quelques passages qui peuvent être un peu « trop » mais je n’en dis pas plus.

Comme dit plus tôt, le film est vraiment magnifique. L’étalonnage est sublime (ok ya une scène où ils ont abusé du contraste), les couleurs fortes et les lumières intéressantes. Je pense que la brume est une représentation de Dieu car elle est très souvent là lorsque la foi est mise à rude épreuve. Elle serait la personnification de Dieu pour montrer que son Silence n’est qu’une illusion. Les paysages montrés ne donnent qu’une envie : aller les voir pour de vrai, des paysages taïwanais visiblement. La culture japonaise est assez bien représentée, surtout les funérailles bouddhistes que je n’avais encore jamais vu.

Les acteurs sont super. Andrew Garfield, malgré sa voix rigolote, oui je fais attention à des détails nuls, laissez-moi, est fort dans ce rôle où l’on peut savourer ses cheveux toujours propres et éclatants de santé grâce à Catholique Shampoo. Je m’égare. Ok ! Grosse ombre, les cheveux des deux missionnaires sont toujours nickels alors que les mecs passent, je sais pas combien de temps sans se laver ou à traîner dans la boue. Bref, coucou la cohérence. Sinon, oui bon Andrew quoi, toujours aussi délicieux à regarder… jouer bien sûr. Il joue très bien. Malgré la brève apparition d’Adam Driver, on se souvient de son prêtre (d)étonnant. Ferreira n’est que le gimmick du film, je dirais, rien à dire de plus.

Pour les japonais, les deux antagonistes sont vraiment intéressants. Celui qui nous est dépeint comme le monstre (Issei Ogata, son premier rôle visiblement) n’est finalement pas à la hauteur des racontars. Il n’est qu’un homme, comme ses prêtres, à vouloir imposer son monde et surtout récupérer son monde. Des dialogues vraiment intéressants. Son interprétation est surprenante, le personnage l’étant tout autant, on est pas habitué à voir ce genre d’attitude. Surtout pour l’antagoniste principal. Et son second (Tadanobu Asano) est plus classique mais rien ambivalent et l’on ne sait jamais sur quel pied danser avec son rôle. Et enfin, l’électron libre du film : Kijichiro (Yôsuke Kubozuka). Personnage si complexe qu’on ne peut pas suivre son évolution. J’ai cherché son rôle et je sèche. Il montre la voie à Rodriguez dans un sens contraire et pourtant à la fin, il semble plus élevé que lui. Bref, bon casting !

Un film vraiment très beau, qui ne semble pas prendre parti à part dans la vérité de chacun. Très beau générique final. À voir avec un peu de temps devant soi.

Portez-vous bien !

Add a Comment

You must be logged in to post a comment