La prochaine fois je viserai le coeur

Vous vous dites, tout comme moi « encore un titre à la française » mais pour une fois je le trouve justifié, nous y reviendrons.

Franck est un gendarme exemplaire, propre sur lui, qui fait du bon travail. En apparence car sous la couche de vernis se cache un homme qui ne peut réprouver son envie de tuer. Il s’attaque au hasard à des jeunes femmes soit en scooter soit directement dans les voitures qu’il vole. Le film de Cédric Anger raconte la chute d’un meurtrier intégré à la société.

La prochaine fois je viserai le coeur de Cédric AngerJe vais commencer par Guillaume Canet qui joue le tueur. Je connais mal cet acteur je dois dire et là il m’a surprise mais à l’inverse. Je l’ai trouvé particulièrement touchant malgré son personnage affable et sans humanité. Peut-être à cause des nombreux gros plans sur son visage et sa bouche pincée. Il a l’air d’être moins massif que dans d’autres rôles (physiquement j’entends), ça le rend chaton. C’est l’image qui me reste du film. Et je trouve ça juste car Franck tue par besoin et « honneur » et non as par plaisir de faire souffrir.

(Aparté : le film prend des libertés sur la vérité car cet homme est toujours vivant et n’a jamais réellement expliqué le pourquoi du comment. Le film n’essaie pas du tout d’expliquer non plus. Il donne seulement des pistes.)

Reprenons. Dans le film, le gendarme semble regretter son geste à chaque fois et pourtant il envoi des missives aux autorités pour tenter de dire qu’il doit faire ça, qu’elles méritent ça. Ces lettres sont très importantes. Elles me donnent l’impression qu’il essaye de se justifier de ses actes et en même temps, il nargue profondément le système puisqu’il en fait parti. L’une des lettres est même lue devant lui. Le titre est extrait d’une des phrases qu’il a mis dans l’une d’elle en parlant d’une des jeunes femmes qu’il a seulement blessé. Le titre prend son sens.

La relation qu’il entretient avec sa femme de ménage est parfaite pour décrire l’état psychologique du personnage : froid, distant, versatile et brutal. Pourtant tout comme moi, cette femme a vu de la douceur chez cet homme, noyant encore plus le spectateur dans le « pourquoi fait-il ça ? ». Contrairement à beaucoup d’autres tueurs, lui n’est pas du tout penché sur l’aspect sexuel de ces crimes. Il se pose même la question de s’il ne serait pas gay à cause de ce que pense les autres gendarmes quant au tueur (je sais pas si c’est clair mais dans le film, ça l’est). La seule touche sexuelle qui puisse exister dans la vie de cet homme est la première et dernière image du film.

La morale régit fortement la vie de Franck. Il a fait la gendarmerie, a des propos très durs quand il s’agit de se coffrer lui-même (oui il arrive à se dédoubler pour rester dans son statut de gendarme faisant son devoir) ou entraîne son petit frère dans les bois à la dur. C’est une des pistes pour expliquer ces gestes. Il a aussi des passages de folie pures avec des hallucinations et de la morale religieuse avec les sévices corporels.

La musique est assez chouette. Il a beaucoup de moment sans sons mais avec de la musique pour montrer le côté « assourdissant » de ce qui se passe à l’écran ; l’impression d’être sonné. J’ai trouvé ça pas mal du tout. Par contre, c’est vrai que certaines pistes sont peu ou pas assez exploités. Quitte à pas respecter l’exacte vérité, autant y aller à fond mais cela permet de voir pas mal d’explication possible. Les autres acteurs sont un peu en retrait je trouve mais c’est à cause du focus fait sur le gendarme.

Un film français pas mal du tout. Un peu dans la veine des Omar m’a tuer ou Présumé coupable. Je vous laisse avec la musique à la fois angoissante et belle du film, portez-vous bien !

 

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