« Les forêts précèdent les civilisations, les déserts les suivent ».
N’avez-vous pas l’impression de voir des hommes en regardant une forêt ? Peut-être plus maintenant mais pendant très longtemps, la forêt a suscité toutes les émotions possibles aux hommes. Symbole extrêmement complexe comme son unité, l’arbre l’est encore plus. Mais je ne parlerais pas de l’arbre aujourd’hui. Découvrons comment la forêt nourricière est devenue le théâtre de bon nombre de films d’horreur.
Forêt comme sanctuaire
Pour les hommes nomades, la forêt est source de ressources, le bois est très important, voire vital. Ils vivent aussi de la chasse et quoi de mieux qu’un peu d’écureuil ?
La forêt, à cette époque, ne fait pas peur. Bien au contraire, c’est plutôt une amie, une force bienveillante. Lorsque les cultures se posent, ils continuent de vénérer ces lieux, les forêts deviennent des sanctuaires à ciel ouvert. Forêt de Brocéliande pour le celtes ; Dodone pour les Grecs
Les Torri, grandes portes rouges japonaise, marque l’entrée du sanctuaire naturel qu’est une forêt de conifère plus que celle du temple en son centre.
La forêt coiffe ce qu’elle recouvre. Dans beaucoup de culture, les anciens connaissaient le pouvoir des arbres d’appeler la pluie (c’est qui est vrai). Les forêts sont des entités très puissantes. La forêt est une force magique, elle est la nature à l’état sauvage, dans sa plus brute expression. Et c’est un acte religieux que d’en couper un arbre.
Forêt pour se cacher
Les forêts cachent en leur sein la nourriture des hommes mais permet aussi de se cacher.
Robin des bois y trouve refuge ou la résistance pendant la 2e guerre mondiale dans le maquis. Les idées neuves ou opposées au système en place sont les bienvenues au cœur de la forêt. L’idée d’harmonie avec le lieu reste en place. Ceux qui vivent dans la forêt la comprennent et vivent au même rythme qu’elle. Vivre au milieu des arbres exigent plus d’ouverture que de vivre sur la plaine entourée de bêtes déjà domestiquées.
Le symbole de la forêt commence à tourner avec le christianisme. On peut faire le parallèle assez rapide au moment de la “chasse aux sorcières”. Les sorcières se cachent dans la forêt, qui les accueillent. Elles s’opposent aux gens des plaines, chrétiens. Nombre de contes sont basés sur un monstre caché dans les tréfonds de la forêt et qui tuerait ceux qui osent entrer sur son territoire.
Ce mythe de la forêt sombre comparé à la plaine ensoleillée commence à faire son chemin dans l’esprit pour en venir à cette autre facette : la forêt est dangereuse. La forêt est désormais mise à l’écart dans le cœur des hommes.

Forêt qui cachent des trucs
Tous ces arbres serrés les uns contre les autres, ces ronces, ces racines qui sortent, ces bruits étranges, ces craquements, cette respiration : la forêt vit et devient plus qu’humaine. Cette divinité autrefois bienfaisante devient un monstre qui attend sa proie. Les hommes en ont peur, ils la coupent, la font reculer pour mettre à la place des champs et des enclos bien plus surveillables. L’arbre devient l’ennemi et ceux qui s’y abritent aussi.
On y rejette ceux qui ne sont plus les bienvenus. Les voyageurs marchent à l’orée des bois. Mais les villageois continuent d’avoir besoin de bois de chauffe, il garde donc la forêt pas trop loin quand même. Ainsi en allant chercher du bois, ils rencontrent des voyageurs, des inconnus et l’idée du danger près des forêts s’accentuent. Cercle vicieux.
La forêt, vers le moyen-âge, est considérée comme livrée aux forces magiques. Les chevaliers ou toute personne ayant un peu de courage qui traversent ces bois y font une sorte de chemin initiatique de bravoure et de vertu. Ne pas se laisser embarquer avec les entités qui y rodent. Ils en ressortent glorifiés et forts ou n’en ressortent jamais.
On comprend pourquoi les films d’horreur aiment beaucoup la forêt pour y placer son intrigue. Dans l’imaginaire commun, la forêt reste plutôt inquiétante que bienveillante.
Selon Jung, la forêt serait la représentation de l’inconscient. La forêt est, par analogie, le secret des hommes. Les contes s’en délectent. Pouvoir réveiller la belle au bois dormant, cachée au cœur de la forêt, est comme trouver le joyau de sa vie caché au cœur de son cœur et réveiller le bonheur qui y dort. On réveille l’Aurore, if you know what i mean. Pour surpasser ses parents et sa condition, il faut trouver son chemin par soi-même avec le Petit Poucet.
Forêt vivante
Comme on l’a vu, la forêt est un parallèle avec l’homme. Bien souvent, on pousse le parallèle jusqu’au corps avec les racines ancrées telle des jambes bien posées sur le sol, la tête dans les nuages comme la cime des arbres centenaires.
Il n’y a qu’un pas pour que ces arbres bougent pour de vrai. Un pas que Tolkien a franchi avec ses Ents, lents comme la mort. Même la mort est plus rapide à vrai dire.
Fait insolite. Il existe un arbre qui se déplace. Bon, il tape pas le marathon non plus mais c’est pas mal ! C’est un Socratea exorrhizza (mot compte triple) ou un palmier à échasse surnommé « palmier marcheur » ou « arbre qui marche ». Il peut se déplacer d’1m par an.

Jungle : forêt mode hardcore
Bref, la forêt n’a plus bonne presse mais il y a pire.
La jungle n’a pas eu l’honneur d’avoir des termes positifs accolés à son nom. Elle est directement paraphrasée d’“ogresse dévoreuse”, “voragine”, “l’enfer vert”. La jungle, c’est la forêt très sauvage et exotique. C’est les aventures, c’est les animaux bien dangereux, c’est les moustiques de 2m de long, les panthères invisibles et les sables mouvants. N’oublions pas que ceux qui l’on qualifié ainsi sont des gens venus de terres complètements maîtrisés depuis des siècles, alors forcément, ils étaient pas près.
La jungle, c’est un peu tout recommencer depuis le début. Les hommes ont maîtrisé la forêt et là, rebelote : un pays étranger, une forêt hostile à leur soif d’expansion. Et je ne parle pas des maladies et des autochtones pas ravis de les voir débarquer. Ça se comprend.
Mais une note d’espoir, encore avec un conte. Pour grandir et savoir qui l’on est, il faut savoir affronter les ombres et les dangers de la jungle dans le Livre de la jungle.
Forêt, un symbole ambivalent
Le mythe de la dame à la licorne nous dérit la forêt avec ces termes :
« Moins ouverte que la montagne, moins fluide que la mer, moins subtile que l’air, moins aride que le désert, moins obscur que la grotte, moins fermée, enracinée, silencieuse, verdoyante, ombreuse, nue et multiple, secrète, la forêt des hêtres est aérée et majestueuse, la forêt des chênes, dans les grands chaos rocheux est celtique et quasiment druidique, celle des pins sur les pentes sablonneuses, évoque un océan proche des origines maritimes…et c’est toujours la même forêt ».

La forêt est une personnification de l’âme humaine, parfois ouverte et bienveillante comme une mère et parfois mystérieuse et violente comme le pire de nos cauchemars.
Et voici trois films qui met très bien en scène la forêt et c’est très très subjectif !
- Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully, mon enfance ma gueule ! Écolo dès le biberon que veux-tu !
- Princesse Mononoké, pour la représentation plus que réaliste de la forêt, pour son message re écolo t’as vu pouce rouge la meuf elle fait passer ses messages en fufu bouh
- The Witch, pour la parfaite représentation des frayeurs que pouvaient inspirer la forêt aux colons/agriculteurs.
J’espère que cet article sur les symboles de la forêt au cinéma vous a plu et appris des choses. Partagez-le ou la vidéo à celleux que ça pourrait intéressé-es ! Sur ce, je vous dis à bientôt, portez-vous bien et ouvrez l’oeil !
Quelques films où la forêt ou la jungle joue un rôle
- Apocalypse Now Francis Ford Coppola (1979)
- Sacré Graal Terry Jones et Terry Gilliam (1975)
- Princesse Mononoké Hayao Miyazaki (1997)
- Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully Bill Kroyer (1992)
- The Witch Robert Eggers (2016)
- Rambo Ted Kotcheff (1983)
- Seigneurs des anneaux, les deux tours Peter Jackson (2002)
- Into the woods Rob Marshall (2015)
- O’Brother Joel Coen, Ethan Coen (2000)
- Belle au bois dormant Wolfgang Reitherman et Eric Larson (1995)
- Samurai Champloo Shin’ichirō Watanabe (2004)
- Il était une forêt Luc Jacquet (2013)
- Robin des bois, prince des voleurs Kevin Reynolds (1991)
- Le Livre de la Jungle Wolfgang Reitherman (1967)
- Le petit poucet Olivier Dahan (2001)
- http://www.senscritique.com/liste/Bienvenue_dans_l_enfer_vert/53122
[…] Découvrir les symboles de la forêt au cinéma : « La forêt au cinéma est-elle positive ou négative ? » […]
[…] la forêt est un bel exemple dont j’avais parlé dans mon Symbolik sur les forêts (ça en fait des symbolik à découvrir). La forêt est une plongée au cœur de l’inconscient, […]