Les trains. J’adore les trains. J’ai longtemps pris le RER, sortes de trains dénigrés mais j’aime bien le RER. Bref, les trains. Comme on prend régulièrement le train ou le métro, on pourrait se dire qu’il n’y a pas de signification caché derrière ces modes de transport. Et bien, détrompe toi, jeune ami, le train est hautement symbolique ! Et évidemment le cinéma s’en régale aussi régulièrement. Allez, en voiture, tchu tchu les rageux !
Pour cette vidéo, je vais me concentrer sur le train bien évidemment, mais je vais laisser de côté les similitudes avec le bateau de croisière ou l’avion. Ces autres modes de transport possèdent aussi ces symboliques même si elles ont chacune leurs différences dues à leur déplacement (aérien ou maritime). Habile !
Les premières symboliques
Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Oups, c’est une autre histoire ça. Au commencement, le train est une machine faite d’acier et de feu. C’est le progrès. C’est une machine qui avance, sans s’arrêter, en ligne plus ou moins droite, reliant sans fatigue des longues distances. Le train acquiert une sacré symbolique, surtout aux US. Certains même y voient une sorte de dragons modernes.
D’ailleurs la locomotive à vapeur est maintenant classée dans un temps donné et est souvent synonyme de nostalgie, de contes ou de rêves d’enfant. Demandez à quelqu’un de dessiner un jouet en bois, la loco peut arriver très vite.
C’est aussi l’un des objets les plus représentatifs du style “SteamPunk”, le punk à vapeur. Il s’agit d’une uchronie, lorsque l’on réécrit l’histoire à partir d’une modification d’un événement, faisant référence à l’utilisation massive des machines à vapeur au début de la révolution industrielle puis à l’époque victorienne. Wild Wild West ou plus récemment Mortal Engines est un bon exemple de l’ambiance SteamPunk qu’un film peut avoir, mais le steampunk est généralement plus utilisé dans les jeux-vidéos ou les romans.
Comme la plupart des moyens de transport, le train fait voyager. Même si nous verrons que certains trains s’ancrent dans la réalité classique. Mais revenons au voyage, car oui, fut une époque, le train faisait rêver. Plus rapide que le bateau sauf si ya la mer au milieu, moins de vomi dû au mal de mer, moins chaotique que la calèche, le train était parfait pour relier de grandes distances à moindre effort.

Le train qui nous relis toustes
Quand on est dans un train, on va dans la même direction. C’est une métaphore de la destinée commune du groupe. J’imagine bien me dire que j’ai une destinée commune avec les autres passagers dans le RER. Et pourtant, c’est le cas. Chacun des passagers a choisi d’aller dans cette direction et de s’arrêter à l’une des stations proposées comme beaucoup d’autres.
On peut pousser la métaphore jusqu’à y voir “le train de la vie qui nous emporte inexorablement”, ce qu’on appelle “le destin”. Nous pouvons prendre une mauvaise voie ou une bonne voie pour nous mais aussi louper son train et donc louper sa destinée. C’est ballot.
La scène la plus parlante pour parler de destinée et de choix est celle de Mr. Nobody où enfant, il doit choisir entre aller vivre avec son père ou sa mère et cela se passe sur le quai d’un train.
Le train a une haute valeur en psychologie et permet de faire des métaphores très intéressantes. D’ailleurs, il y a mille significations du train et de ses composantes (gare, rail, locomotive…) dans l’interprétation des rêves. Qui l’eut cru ?
Le train du groupe
Le train permet de voyager, on l’a dit. Mais surtout, on change de lieux, on peut parcourir de très grandes distances. Le train permet aux personnages de changer de vie, littéralement. Il quitte un lieu pour un autre. On prend un nouveau départ. Le train permet de relier différentes régions et des nations entre elles. Les peuples disparaissent, nous ne formons plus qu’un groupe, nous sommes unis sous la même carte kiwi, plus de discrimination, plus de différence… pardon je m’égare.
Le train, c’est aussi le groupe. On ne le met pas dans la catégorie “transport en commun” pour rien. Même si, dans une voiture, on est pas toujours qu’un (merci pour l’environnement, faites du covoiturage), le train est un des premier moyen de transport où les gens se mélangent. Un peu. On sépare toujours les gens en deux classes mais le train offre une liberté de mouvement. On peut se déplacer dans le train, on peut avoir accès aux premières classes. Le train, c’est le groupe, dans un même wagon, on peut avoir toutes sortes de personnages et on ne les choisit pas. Le train permet de mélanger les gens dans une même classe.
Mais cela permet aussi d’accentuer la notion de classe sociale. L’excellente BD Le Transperceneige écrite par Jacques Lob et dessinée en noir et blanc par Jean-Marc Rochette met parfaitement en image ces inégalités dans un monde post-apocalyptique. Le train roule indéfiniment dans un monde gelé à l’extrême, les derniers survivants sont dans ce train. La tête est réservée aux aristocrates alors que la queue est laissée à l’abandon au prolétaire. Le film tiré de cette BD est sorti en 2013 et réalisé par Bong Joon-ho tente de poser à l’écran cette lutte des classes.

Le temps du train
Grâce à sa forme et sa longueur, on peut considérer que ce qui se trouve dans le train est le présent, une sorte de présent sorti de la réalité, que le train se dirige vers le futur et que le point de départ est dans le passé. Ainsi, c’est un transport temporel. Il peut se passer un tas de choses en un trajet seulement.
Le temps y est fortement associé car les horaires des trains sont censés être implacables. Heureusement en France, les horaires sont plus souples ! De plus, le train est le moyen de transport le plus prioritaire. Tout le monde s’arrête devant un train. BOUM KESTU VAS FAIRE BAISSE LES YEUX DEVANT LE TRAIN le train représente alors les intérêts communs devant les intérêts personnels. Le train a donc une temporalité propre même s’il est en marche.
Le train ne se situe pas vraiment dans les villes, il est remplacé par le métro ou le tramway. Le métro est un train souterrain, pour celleux du fond qui ne suivant pas, c’est souvent un moyen de transport mal aimé. Il représente le prolétariat dû à son statut de transport en commun mais surtout, car il est sous la terre. Qui se cache sous la terre à part des choses mal vues ? Cette idée est renforcée par les tunnels auxquels on a accès que via les rames. Normalement, on ne peut pas y marcher. Des tunnels infinis, très sombres, sales, humides où les bruits partent dans tous les sens. Peur du noir, claustrophobie sont ceux qui attendent les héros.

Voilà, dans l’inconscient collectif ce que le métro a comme place. Mais aussi, la réalité n’aide pas entre les rames bondés aux heures de pointe, à la proximité ou encore à la saleté des couloirs. Bref, le métro c’est pas une partie de plaisir pour tout le monde.
Les trains sont donc devenus de grands symboles surtout dans le domaine psychologique. Ils ont remplacé les dragons et autres forces de la nature, grâce à leur structure et à leur implacable régularité. Leurs usages journaliers ont aussi perverti leur symbole, le temps implacable nous accable encore plus chaque jour. Les métros deviennent des lieux renfermés et claustrophobiques que nous côtoyons souvent. Le train a beaucoup de choses à nous dire et surtout sur nous.
Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout ! J’espère que cela vous a plu et que ce petit tour en train vous aura intéressé. N’hésitez pas à me laisser en commentaire des films avec des trains qui vous ont marqué ou plu. N’hésitez pas à partager l’article ou la vidéo autour de vous, cette vidéo peut faire passer plus vite un trajet en RER. Sur ce, je vous dis à bientôt, portez-vous bien et ouvrez l’œil !
Quelques films avec des trains ou des métro
- L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat Louis Lumière, Auguste Lumière (1895)
- Dernier train pour busan Sang-Ho Yeon (2016)
- Snowpiercer, le Transperceneige Bong Joon-Ho (2013)
- Source code Duncan Jones (2011)
- Pi Darren Aronofsky (1998)
- Mission impossible Brian De Palma (1996)
- Eternal sunshine of the spotless mind Michel Gondry (2004)
- Mr. Nobody Jaco van Dormael (2010)
- La guerre des mondes Steven Spielberg (2005)
- The Pôle Express Robert Zemeckis (2005)
- Le Voyage de Chihiro Hayao Miyazaki (2002)
- Wild Wild West Barry Sonnenfeld (1999)
- Cloverfield Matt Reeves (2008)
- Make my train! Harkiadel (2017)