Les animaux au cinéma, que nous apprennent-ils ?

Animal parmi les animaux, l’homme debout a classé ses consœurs et confrères. Il leur a donné des rôles comme il donne des rôles à ses semblables.

Sujet épineux que celui des symboliques des animaux. Parlant de plus de nous que d’eux, les animaux nous ouvrent les chemins de notre psyché et de nos peurs. Ils sont symboles des principes et des forces cosmiques, matérielles et spirituelles. N’oublions pas que beaucoup de dieux, les apôtres et l’esprit saint sont représentés par des animaux.

Remontons aux origines humaines, à ces instants de survie, de catalogue du monde. Avant que l’on puisse avoir le recul nécessaire pour comprendre que la beauté n’est pas un critère.

On peut classer les animaux en trois catégories (même si c’est con) :

Les moches

La première catégorie sera ceux que l’on considère comme moches, donc comme méchant. Oui, cela ne va pas plus loin comme raisonnement. On reproduit exactement les schémas humains de beauté sur les animaux sans autre motif. Si tu n’es pas mignon, si tu n’es pas agréable à l’œil, tu es forcément méchant.

Bien souvent, ce sont des carnivores et des prédateurs. Tout comme nous, non ?

Les mignons

La deuxième catégorie, celle qui a le plus de chance dirons-nous, est la catégorie des mignons. Ils sont agréables à l’œil et pas effrayant donc ils sont gentils. Si en plus, ils ne mangent que de l’herbe alors c’est parfait. L’herbe c’est pacifique. Nous ne sommes pas menacés. Hooray !

Les badass

Et enfin, les carnivores “acceptables”. Ils devraient faire partie de la 1e catégorie mais pour d’obscures raisons, ils peuvent être bien vus (peut-être parce que justement, nous-aussi, nous mangeons de la viande et que l’on se placerait pas en tant que carnivores méchants) ! Ils sont des prédateurs mais cool, souvent des héros. On y retrouve facilement le renard, l’ours ou le loup (même si ce dernier a moins de chance souvent).

Découvrir les symboliques du loup et du renard : Les symboles des loups et des renards au cinéma »

Je ne fais pas un procès aux humains pour avoir symbolisé tels ou tels animaux, car il faut bien se remettre dans un contexte historique. Il faut remonter loiiiin en arrière ! Les symboles naissent souvent en même temps que l’humanité, nous le verrons quand j’aurai le courage de finir l’épisode pour décrire tout ça (tousse).

Les symboles nous viennent du plus profond de nos mémoires : les préhistoires. À l’époque, pas question de patachonner, la survie était quand même le leitmotiv de nos ancêtres.

Mal considérés, les carnivores qui pourraient nous bouffer ou juste nous taillader ou nous piquer la nourriture, cela peut se comprendre. Voir les herbivores comme des potes ou des sources de protéines inoffensives, ok aussi.

On peut aussi imaginer que le grouillant, dont les asticots n’étaient pas bien vus car on les trouve que sur les choses mortes. Les rampants vont trop vite pour l’œil, ils se cachent dans des recoins, on peut se faire attaquer dans un moment de faiblesse. Dans toutes les cultures, le ciel est le lieu du divin, car inaccessible ; ainsi, les oiseaux le sont aussi.

D’ailleurs, on va souvent le voir mais la symbolique va pour un groupe d’animaux et pas un individu spécifique. Déjà, parce qu’il y a beaucoup trop de choix dans un seul groupe, les serpents par exemple. Et d’autres part parce qu’il est plus simple de ne prendre qu’une seule facette pour parler du tout. Reprenons notre ami le serpent : il est globalement pas bien vu. Mais, et fort heureusement, comme nous sommes dans un comportement humain, cela peut s’affiner avec le temps et l’époque.

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D’ailleurs, nos animaux de compagnie ne datent pas d’hier. En Egypte ancienne, ils avaient déjà le culte des animaux domestiques, plus particulièrement les chats. Hérodote, historien grec, écrira qu’un Égyptien peut laisser brûler sa maison mais donner sa vie pour sauver un chat des flammes. L’abnégation.

Les symboles liés aux animaux font partie de ceux qui varient en fonction des cultures. On ne verra pas aussi bien les chiens dans les pays arabes que chez les occidentaux par exemple. Dans le désert, le chien, c’est surtout le coyote ou le dingo ou le fennec, des chiens qui volent la nourriture alors que dans nos contrées sages, le chien est domestiqué.

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Tout ceci s’explique grâce à l’histoire de chaque pays et surtout de l’histoire des hommes sur le territoire des animaux. Il ne faut pas oublier que les hommes ont dû vivre longtemps aux côtés de leurs homologues et chaque animal a porté un caractère ou une signification. Ainsi, l’anthropomorphisme, donné une qualité humaine à un animal, est très fréquent, voire même toujours d’actualité.

On relève dans chaque culture au moins un zoomorphisme, tant l’animal est présent dans notre imaginaire. Les Égyptiens avaient tout leur panthéon de dieux et déesses zoomorphés. Ne parlons pas des grecs avec entre autre le Minotaure. Mais la lycanthropie ou chez les Africains, le pouvoir de se transformer en panthère, en fait partie aussi. Le pouvoir de se changer en animal, pour en obtenir les caractéristiques, n’est pas né d’hier. Énormément de peuples peuvent que manger ou obtenir un élément d’un animal permet de devenir celui-ci ou d’avoir au moins quelques améliorations. 

Les animaux sont donc très très présents dans toutes les cultures surtout pour raconter des contes et des légendes. Ils sont les éléments de la nature les plus proches de nous, car ils bougent, ont des habitudes et donc sont facilement rangeables dans des catégories. Bien loin d’être une pratique de sauvage ou de primitif, toute l’humanité, et encore maintenant, a besoin de mettre de l’humain dans d’autres choses et surtout d’être relié à ces choses.

Nous faisons partie de la nature, contrairement à ce que pense certain·es. Nous sommes donc filles des torrents, sœur des rivières. La loutre et le héron sont nos amis.

Ainsi, l’ensemble des contes indiens nous parle d’homme-animaux, et ont leurs habitués pour faire des farces (les tricksters, que nous allons rencontrer), des animaux pour représenter la sagesse ou la peur etc. Chaque animal se voit porter un trait de caractère plus ou moins changeant.

Les animaux sont porteurs de nos torts et de nos travers comme le racisme ou la xénophobie. Ils ne sont que le porte-parole de qui nous sommes. C’est aussi pour cela que créer un conte ou un dessin animé avec des animaux permettra de plus vite comprendre les enjeux et le message que si c’était avec des humains, où l’on pourrait se braquer. Parler de racisme, c’est quand même plus facile avec un lapin et un renard comme dans Zootopie.

Zootopie de Byron Howard et Rich Moore

Même sans aller aussi loin dans les comportements cités précédemment, les animaux représentent quelque chose qui fait peur à l’homme dit civilisé : son instinct. L’animal n’est que le symbole de l’instinct, cette chose enfouie dans le cerveau dit “reptilien”. Coïncidence, je ne crois pas ?

En tout cas, c’est ce que pense notre ami Jung. Il voit dans ce besoin de représenter souvent les animaux comme des symboles, un besoin d’intégrer dans sa vie le contenu du symbole. L’animal peut devenir dangereux, il est sauvage, l’homme civilisé cache ses deux pans dans sa morale et son savoir-vivre, mais si un jour, cela lâchait ? Jung n’est pas sans préciser qu’il vaut mieux accepter l’âme animale qui est en nous pour mieux-vivre. 

Mais nos a priori ne sont pas les seuls à se mettre en marche dans notre inconscient. L’histoire, aussi, vient porter un jugement sur des animaux qui auraient pu être bien vu par exemple. Les rats sont des petites bêtes qui auraient pu être mignonnes si elles n’avaient pas été lié à la peste. Pas de chance.

Les animaux ne sont que le reflet de notre propre comportement, que ce soit envers nous mais aussi envers les autres. Classifié les animaux en catégorie avec les beaux et les moches, c’est comme avoir dit que certains hommes méritaient plus que d’autres. Sauf que, dans la nature, la beauté n’a pas grand chose à voir avec l’intérêt. Des animaux moches peuvent être une mine pour l’éco-système, les carnivores sont plus utiles pour toute une région que le plus mignon des lapins, qui est lui aussi utile à son échelle.

Le chant de la mer de Tomm Moore

J’espère que ce petit tour des symboles globaux de la globalité des animaux vous aura appris des choses et que votre regard changera lorsque vous verrez des zoomorphismes. 

Je ne vous conseille pas de films sur le sujet car des Symbolik dédiés arrivent. Si vous avez des questions ou des remarques ou des symboles/concepts que vous aimeriez que je traite n’hésitez pas. J’ai énormément d’idées mais les vôtres sont les bienvenues !

Voilà, comme d’habitude, liker, partager. Et sur ce, je vous dis à bientôt, portez-vous bien et ouvrez l’oeil !

Quelques films avec des animaux, bien représentés ou sous forme de clichés

  • Kong : Skull island Jordan Vogt-Roberts (2017)
  • Babe Chris Noonan (1996)
  • L’Ours Jean-Jacques Annaud (1988)
  • Danse avec les loups Kevin Costner et Kevin Reynolds (1991)
  • Les oiseaux Alfred Hitchcock (1963)
  • Les aventuriers de l’arche perdue Steven Spielberg (1981)
  • Astérix et Obélix : mission Cléopâtre Alain Chabat (2002)
  • Beethoven Brian Levant (1992)
  • Le territoire des loups Joe Carnahan (2012)
  • Le chant de la mer Tomm Moore (2014)
  • Pocahontas, une légende indienne Mike Gabriel et Eric Goldberg (1995)
  • Zootopie Byron Howard, Rich Moore (2016)
  • La planète des singes : Les origines Rupert Wyatt (2011)

Raphaëlle Roux

Je suis une sorte de couteau suisse du web : graphiste, illustratrice, vidéaste et photographe.

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