Pourquoi créer des personnes amnésiques au cinéma ?

Bienvenue dans ce nouveau article sur les symboliques au cinéma ! Parlons d’un nouveau désordre mental dont le 7e art, mais pas que, est assez friand : l’amnésie. Ah ! L’amnésie ! Dans la vraie vie, cela est très handicapant mais dans le cinéma, cela relève plus du mystère que d’une véritable gêne. 

Cacher le passé du héros

Cacher le passé d’un héros pour mieux le découvrir ou l’expliquer au fil du film est un scénario classique et réutilisé jusqu’à la moelle. Les films où les héros sont dotés de talents sont très friands de ça, ainsi un mec lambda est, en fait, un gros tueur badass du jour au lendemain parce qu’on lui a effacé la mémoire. On y reviendra plus tard.

Cacher le passé du héros permet aussi une trame scénaristique à suivre, on joue au détective en même temps que le héros.

Le film assez emblématique lorsqu’il s’agit de perte de mémoire est Memento de Christopher Nolan. On suit Leonard Shelby qui a perdu sa mémoire à court-terme depuis l’assassinat de sa femme et qui se tatoue tous éléments importants sur le corps pour garder trace de sa vie et de sa quête une fois que sa mémoire a disparu. Comme le petit chaperon rouge mais version tatouage. Le film alterne donc entre les flash-back et la résolution du mystère.

Memento de Christopher Nolan

Mais pourquoi absolument chercher à connaître son passé ? Car le passé est l’identité. Si l’on a pas de souvenirs du passé, on ne sait pas qui l’on est. Ainsi, parfois, certains films mixent deux procédés : amnésie et reconstruction d’un faux passé.

Dans l’excellent Dark City, les habitants d’une ville ont tous été manipulés de la caboche et ont tous de faux souvenirs. Pourquoi ? Parce que des aliens veulent découvrir ce qui compose l’âme. Ils pensent que ce sont les souvenirs qui créent l’âme.

Mémoire comme gimmick

La mémoire peut devenir un gimmick. Le gimmick est un procédé de langage ou de comportement qui permet d’identifier l’auteur de celui-ci.

Par extension, le gimmick est aussi une chose qui revient régulièrement et qui est facilement identifiable, un objet à suivre au cours d’un film comme par exemple une relique à retrouver.

Pour la mémoire, on parle alors de ‘recherche d’identité”. Alors que certains films partent du constat que l’on se cherche tous à un moment donné de sa vie, les films avec amnésie ne s’encombrent pas de la dimension psychologique et force cet état à l’extrême.

Parfois, l’amnésie n’est que partielle. Un trou dans la mémoire. Un trou qui bien souvent est important, va résoudre l’histoire et qui va hanter le héros jusqu’à ce qu’enfin, il se souvienne, très souvent trop tard ou devant le fait accompli. C’est balot.

Dans l’Armée des douze singes, James Cole a un souvenir que le hante mais qu’il n’arrive pas à identifier ni même à comprendre ce qu’il représente. On ne découvrira qu’à la fin ce que signifiait et pourquoi il l’avait en mémoire.

L’armée des douze singes de Terry Gilliam

Le passé a été effacé volontairement

Le passé effacé volontairement se trouve très classiquement dans des films d’espion. Espion gênant qui se feront poursuivre et là paf, soit un choc soit on les trafique du cerveau mais dans tous les cas, ils oublient. Ce qui donne un film course poursuite où le héros découvre ses talents en même temps que nous.

Dans Mémoire dans la peau. Jason Bourne, agent spécial perd la mémoire après un choc provoqué par quelque chose de son passé. Mais quoi ? Pourquoi parle t-il plusieurs langues alors qu’il ne se souvient même plus de son vrai nom ? Ce cliché du héros badass qui oublie tout même son nom mais pas comment hacker la NASA a fait un peu trop ses preuves.

Si le personnage s’auto-mutile pour oublier des choses, cela va souvent lui revenir en pleine tête sans mauvais jeu de mots. La plupart des films se basent sur “on ne change qui l’on est sans effort”. On peut rarement s’échapper de sa condition ou seulement si on le mérite. Alors effacer sa mémoire, c’est triché donc il faut que cela soit annulé d’une manière ou d’une autre. Dans Men in Black 2, le cas arrive avec J qui ne veut plus faire partie des Men in Black et utilise son neutraliseur sur lui.

Nous avons aussi Total Recall où là, je ne sais pas si c’est dans amnésie ou folie qu’il faut le ranger. Si je le range dans amnésie, le héros a eu raison d’agir sinon il est juste en train de crever sur sa chaise d’opération à Rekall.

Pour en savoir plus sur les symboles liés à la folie : « Les fous au cinéma sont-ils ceux que l’on croit ? »

L’amnésie aussi peut être un dommage collatéral non prévu. Dans Trance, Simon a oublié où il a caché un tableau de plusieurs milliers de dollars. Oublié parce qu’il a reçu un coup au visage par l’un de ses complices. C’est con.

L’amnésie apporte un changement de personnalité

Parfois, l’amnésie n’est pas qu’une simple perte de mémoire mais peut se solder par l’écrasement de l’ancienne personnalité par une autre. Il y a alors double quête : comprendre le changement de personnalité et retrouver son ancien soi. Souvent cela fait intervenir la question : “ai-je envie de retourner en arrière alors que cette nouvelle vie me plaît ?”

Cela peut se décliner lorsque le héros a la mémoire effacé, de son propre chef ou non, va vivre une vie normale. Il a souvent quelques flash-back ou des réflexes mais il vit sa vie tranquillos avec sa nouvelle famille, ses nouveaux amis dans une petite ville OKLM. Mais bon, ça reste rarement dans cette configuration si vous voyez ce que je veux dire.

Et pour finir, les amnésiques peuvent être considérés comme des enfants, c’est-à-dire être innocent de base. Pourquoi ? En oubliant qui ils étaient, ils en oublient aussi leur condition d’adulte et redeviennent de petits enfants à protéger. Et s’ils ont tué quelqu’un, de toute manière, ils ne s’en souviendront plus et généralement, il y a une bonne raison à ça !

Dark City d’Alex Projas

Et voici trois films que j’apprécie pour leur utilisation de l’amnésie.

  • Trance de Danny Boyle qui va vous retourner la tête plus fort qu’Inception
  • L’armée des Douze singes pour l’exemple du scénario qui repose pas mal sur un souvenir qui a dû mal à resurgir.
  • Hancock, car j’aime la résolution de ce film malgré tout ce qu’on pourrait lui reprocher.

Cet article est à présent terminé. Partagez l’article pour qu’un amnésique retrouve dix secondes de mémoire. N’oubliez pas de partager la vidéo aussi. Je vous dis à bientôt, portez-vous bien et ouvrez l’oeil !

Quelques films sur des personnages amnésiques

  • Mémoire dans la peau Doug Liman (2002)
  • Dark City Alex Proyas (1998)
  • L’armée des douze singes Terry Gilliam (1995)
  • Memento Christopher Nolan (2000)
  • Captain America: The Winter Soldier Anthony Russo, Joe Russo (2014)
  • Doctor Who « Human Nature »/ »The Family of Blood » Peter Capaldi, Pearl Mackie (2005)
  • Men in black 2 Barry Sonnenfeld (2002)
  • Fringe J.J. Abrams, Alex Kurtzman (2008)
  • American Ultra Nima Nourizadeh (2015)
  • Trance Danny Boyle (2013)
  • Hancock Peter Berg (2008)
  • Total Recall Paul Verhoeven (1990)

Raphaëlle Roux

Je suis une sorte de couteau suisse du web : graphiste, illustratrice, vidéaste et photographe.

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