Pour certain·es, leur prénom et leur nom ne leur conviennent pas, pour d’autres, ils n’ont pas d’avis et d’autres encore en sont fier·es. Attardons-nous sur quelques symboles et comment le cinéma joue avec ces deux mots qui peuvent changer notre perception.
Je vais normalement parler de nom et prénom mais sans m’attarder sur l’un ou l’autre car ils peuvent avoir les mêmes symboliques.
L’identité
Le prénom est un mot donné à la naissance ou après celle-ci. Le prénom n’est pas toujours donné tout de suite. Ce mot va alors désigner la personne et la lier à celleux qui lui ont donné. Dans nos cultures, ce sont les proches qui donnent le prénom mais parfois cela peut être un membre du clan ou un événement de la nature qui se déclenche à cet instant. Le nom vient toujours de l’extérieur et du passé (et parfois même, il est souvent anticipé), c’est donc paradoxal qu’il nous définisse si fortement alors que nous ne l’avons pas réellement choisi.
Ainsi, et nous le verrons, certaines personnes aiment se donner des surnoms ou préfère changer de prénom pour se ré-approprier ce mot qui signifie tant.
Le paradoxe d’être nommé par quelqu’un d’autre n’en est pas tant un car dans de nombreuses histoires si un personnage ne porte pas de noms ou ne se voit pas nommer par des proches ou des gens qui l’aiment, sa vie part souvent à vaut l’eau. Comme si, ne pas avoir de nom à la naissance empêchait l’identification immédiate. Je pense à Jean-Baptiste Grenouille du Parfum de Süskind ou repris dans le film de Tom Tykwer. Déjà, il naît dans un cimetière, et sa mère pensait qu’il ne survivrait pas le laisse dans les ordures jusqu’à ce qu’il crie ce qui envoya sa mère à la potence pour infanticide.

Dans le livre “Chiens perdus sans collier” de Gilbert Cesbron, on apprend que les orphelins sont souvent prénommés suivant le Saint du jour de recueil. Bien souvent, dans la culture, il y a des conventions de nommage. En France, il est classique que les premiers fils d’une famille portent tous le même prénom ou que l’on donne le prénom des grands-parents et de la marraine ou du parrain. Ce sont des renforcements dans la lignée, de quoi dire “tu fais partie de cette famille”. Pour le meilleur et le pire, parfois. Il y a même peut-être eu une recommandation de l’église pour nommer les enfants suivant les saint·es mais à vérifier.
Chez les Islandais, on porte en nom de famille le prénom de son père avec “son” si l’on est un garçon ou “dottir” si l’on est une fille. Par exemple, Peterson veut dire “fils de Peter” et devient le nom de famille de ce fils. Le nom de famille permet de connaître la lignée à une génération. Après, si tout le monde s’appelle Peter dans le village, bonne chance.
Le nom et/ou le prénom sont les entités qui désignent une personne. Par exemple, chez les Égyptiens, l’outrage le plus terrible était celui s’effacer le nom d’un défunt, pour qu’il passe dans l’oubli. C’est ce qu’il arriva à la Pharaon Hacheptsout. Le nom est comme une force magique qui représente la personne. On appelle ce rituel de destruction un “memento mori”.
La magie du nom
On prête au prénom une forme magique. Une croyance veut que l’on puisse agir sur une personne si l’on obtient son nom, comme si ce nom était un lien direct avec l’âme de la personne. Dans beaucoup de livres ou de films, les personnages portent de faux noms. Ainsi, comme on ne connaît pas réellement leurs noms de naissance, personne ne peut agir sur elleux. Et cela ajoute un mystère supplémentaire, ne pas connaître le véritable prénom empêche de connaître entièrement la personne. Je peux citer l’excellente saga des Chroniques de la compagnie noire de Glen Cook (ne prêtez pas attention à ce titre pompeux, cette oeuvre est géniale) où tous les personnages ont un surnom et jamais on apprend leur vrai nom.
Le prénom est aussi porteur d’une mémoire que cela soit la mémoire d’un personne illustre ou celle étymologique. Et cela se vérifie inconsciemment. Prenez Adolph. Qui tenterait d’appeler son fils Adolph de nos jours ? Et pourtant tous les Adolph ne devraient pas porter le destin d’un Adolph en particulier.
Si vous êtes fièr·e de votre prénom, généralement si quelqu’un se nomme pareil, vous allez être plus chaleureu·se avec que s’iels portaient le prénom de cellui qui vous a maltraité au collège. Tout ceci est inconsciemment mais montre à quel point le prénom est un élément important de la psychée et de l’identité de chacun.

Identité/symbole propre aux noms
Le nom et le prénom, ou même le surnom, sont d’excellents moyen de donner des indices sur les personnages, leur mentalité ou leur caractère inconsciemment dans un livre ou dans un film. Par exemple, un héros ou une héroïne qui se nomme Morgane ou Auguste n’aura pas le même impact qu’un Jules ou une Julie.
Pour les antagonistes, c’est parfois l’inverse. Il est assez compliqué pour un bad guy de s’appeler Hubert, ça casse un peu l’effet d’annonce. Par contre, attention à ne pas verser dans le cliché trop grossier. Trop de badasserie, tue la badasserie.
Chaque nom, comme on l’a vu, est connoté dans l’esprit que ce soit par nos jugements personnels ou par des personnalités précédentes. Une héroïne nommée Alice aura tendance à être rapproché de l’Alice du pays des merveilles.
[spoiler alert] Après, si vous voulez, comme dans Supernatural, prendre à revers les conventions en appelant Dieu “Kevin” ou un prophète “Chuck”, vous faites bien ce que vous voulez !
Ce ne sont que des conventions de nommage. C’est-à-dire qu’il vaut mieux les comprendre, les analyser et voir si vous voulez les suivre ou les briser, à vos risques et périls. Car comme dans tout, c’est bien de vouloir briser les règles mais attention à ne pas perdre les spectateurs qui vont perdre leurs références de base. Il faut toujours que cela serve le propos et l’ambiance. Un film comique aura plus de chance d’avoir des prénoms étranges ou détonants qu’un film sérieux. Il est très difficile d’appeler un personnage tout mignon Judas.
On peut aussi s’amuser à faire l’inverse de la réalité. Par exemple dans les derniers Star Wars, Finn signifie “blanc” ou “juste” en irlandais.
Les noms et prénoms peuvent attacher le personnage à un rôle ou un statut. Surtout que la plupart de noms de famille français pouvaient venir du métier ou du rôle de la personne dans la société. Par contre les “Fournier”, “Maréchal” ou encore “Lefebvre” sont des noms venant de métiers ou de statuts sociaux. Les étymologies des noms, même inconsciemment, sont inscrites. Et je vous envoie maintenant vers la chaîne de Linguisticae que vous devez tou·te·s connaître et sa série sur les noms de famille.
Ajout d’un détail dans le film
Mais souvent, les noms expriment quelque chose en plus. Comme pour les couleurs, ce sont des symboles inconscients, qui font appel à notre mémoire universel (ou au moins de la mémoire de la culture qui entoure le film).
Je vais donner un petit exemple avec Ex Machina, si vous n’avez pas vu le flim, il est conseillé de sauter cette partie avant qu’on me pourchasse sur le net entier parce que j’aurais spoilé.
Les trois personnages d’Ex machina d’Alex Garland portent des noms significatifs.
- Nathan veut dire “cadeau” ou “dieu a donné” (venant du prénom Nathanael), il est l’homme avec tous les talents, y compris celui d’être dieu à son tour en créant une intelligence artificielle.
- Caleb vient de l’hébreu et veut dire “orienté par son cœur” ou “chien”. On peut y voir qu’il est le toutou de Nathan, son maître. Mais on peut aussi voir le chien comme être émotif et attaché à comprendre l’autre.
- Ava est un dérivé du nom “d’Eve”, la première femme. Eve signifie “vie”. Est-elle en vie ? Est-elle une nouvelle forme de vie ?

Choisir son nom soi-même
Comme on l’a vu, le prénom est un mot donné par l’extérieur mais souvent, on veut se ra-approprié comment on est appelé. On peut alors passer par des surnoms, pseudo sur le net ou par un changement total de prénom. Ce choix se fait en âme et conscience et il nous définit tel que nous nous voyons nous et plus par rapport à une lignée ou un choix extérieur. Choisissez bien 🙂
Don’t call me Paul
Cette nomination, prénom ou surnom est donc très très importante. Si importante, qu’il existe un gag scénaristique qui permet de relever ce surnom ou nouveau prénom comme part importante du personnage.
Ce gag a été surnommé “Don’t call me Paul”. Il met en scène un personnage qui soit à un prénom qui ne lui plaît pas, soit un surnom qu’il s’est choisi et pendant tout le film, un ou plusieurs personnages ne vont jamais prononcer ce nom correctement ou lui en donner un autre ou lui donner celui d’origine. Ainsi quand Peter Quill des Gardiens de la galaxie veut absolument qu’on l’appelle Star Lord, on est en plein dedans.
Ce gag vient de deux catcheurs professionnel Triple H et The Big Show qui se nommaient tous les deux Paul et qui ont demandé à leur fan de les appeler non pas par leur surnom mais bien par leur nom de naissance. Leur surnom étant devenu leur vrai nom intime.
Comme on vient de le voir, le prénom, le nom ou le surnom sont des mots très importants : que cela soit pour la personne elle-même, pour ajouter des détails à une histoire ou briser des codes. En plus, chaque prénom a sa propre symbolique. Bref, lorsque vous regarderez un film, prêtez attention aux prénoms et aux noms, cela peut peut-être vous apprendre quelque chose en plus !
J’espère que cet article vous a plu ! Partagez, likez, commentez, bref, faites voyager cette vidéo et cet article ! Et sur ce, je vous dis à bientôt, portez-vous bien et ouvrez l’œil !
Quelques films avec des prénoms ou des noms intéressants
- X-men Apocalypse Bryan Singer (2016)
- Wall-e Andrew Stanton (2008)
- Casino Royale Martin Campbell (2006)
- 22 Jump street Phil Lord, Christopher Miller (2014)
- Titanic James Cameron (1997)
- Hitman le cobra Godfrey Ho (1987)
- Rush Ron Howard (2013)
- Insidious James Wan (2010)
- Mad Max Georges Miller (2015)
- Star Wars : Episode I – la menace fantome Georges Lucas (1999)
- Les gardiens de la galaxie James Gunn (II) (2014)
- Deadpool Tim Miller (2016)
- The conjuring 2 : Le Cas Enfield James Wan (2016)
- Le parfum : l’histoire d’un meurtrier Tom Tykwer (2006)
- Jésus 2, le retour Les Inconnus (1990-1992)
- OSS 117 : Rio ne répond plus Michel Hazanavicius (2009)
- Ex machina Alex Garland (2014)
- Oz Tom Fontana (1997)
- Supernatural – Saison 11, épisode 20 Eric Kripke, Sera Gamble (2005)