Voyage dans la lune, Star Wars, Ad Astra : ces films aux symboliques intersidérales !

Pour cet épisode, je vais me concentrer sur l’espace dans son symbole le plus vaste, sans trop m’attarder sur les éléments qui le compose comme les étoiles, les planètes ou les trous noirs. Et je dois aussi préciser une nuance, ici on parlera de ce qui dépasse le terme “ciel”. Le ciel a beaucoup de symboles, surtout cosmogonique, mais ici, on va parler de plus loin encore, de ce que les hommes n’avaient pas forcément imaginé.

C’est parti pour un voyage intersidéral, aux confins du cosmos pour découvrir ce que l’espace peut porter comme symbole ou comme représentation au cinéma !

Imaginaire florissant

L’homme a toujours rêvé de toucher la lune et le soleil. Beaucoup de rêveurs a imaginé vogué vers des mondes inconnus, touché de nouvelles planètes ou rencontrer des êtres venus d’ailleurs. L’espace fait fantasmer au départ. Loin de toutes les considérations technique, le voyage dans le cosmos est avant tout une épopée imaginative. 

Le cinéma a tout d’abord commencé avec l’imaginaire lorsqu’il voulait placer ses protagonistes dans l’espace. Normal, personne n’y a encore mis les pieds ni même une fusée. Georges Méliès, magicien du cinéma, nous offre donc plusieurs métrages qui se déroulent dans cet espace inconnu. Voyage dans la lune sorti en 1902 en est un parfait exemple.

Voyage dans la lune de Georges Méliès

Son but a toujours été de faire fantasmer et de faire rêver petits et grands. Donc aucun de ses films ne sera réaliste ou tentera de l’être et c’est tant mieux ! D’ailleurs, il s’inspire de Jules Verne qui, lui, tente d’offrir un semblant de science dans ses récits.

Et la meilleure façon d’aller dans l’espace à ce moment-là est de se faire propulser dans un canon géant ! Jules Verne lui avait pensé à une montgolfière. Antonius Diogène, écrivain du Ie siècle avant JC (probablement) dans un livre maintenant disparu, pensait que la lune était si proche au pôle que l’on pouvait monter dessus à cet endroit. D’autres reprendront cette idée d’approche la lune pour pouvoir y monter dessus. 

La science prend le pas

Mais dans la réalité de celleux qui souhaitent aller dans l’espace, la façon de faire est claire depuis les années 1890 ! Ceux qui ont créé les fusées et leur moyen de se propulser ont déjà trouvé, en théorie, comment y arriver mais la pratique échoue. Ainsi donc, Hergé se documente et peut proposer une fusée réaliste mais ce n’est pas le seul.

Fritz Lang essaiera d’être scientifique dans sa démarche avec La femme sur la Lune en 1929. Il fait appel à Hermann Oberth, un des fondateurs du vol spatial. Le décollage et la fusée sont donc très réalistes pour l’époque ! Surtout que le premier satellite envoyé par les hommes se fera en 1957, donc 30 ans après la sortie du film, par les Russes.

Autre fun fact est que c’est dans ce film que le premier compte à rebours que tout le monde utilise maintenant est créé et donc inventé, si on peut dire. Avant, on partait de 1 pour aller vers le chiffre final. Lang inverse ce compte car il se rend compte que personne ne sait quand ce sera le chiffre final alors que d’aller vers un chiffre vers le 0, là tout le monde comprend immédiatement que le décollage est prêt. Ce décompte sera repris par les agences spatiales… et le reste du monde !

Il faut attendre, par contre, 1950 pour voir des hommes porter une combinaison spatiale lors de leur exploration. C’est dans Destination… Lune ! d’Irving Pichel que l’on peut voir cette avancée. Avant, le cinéma considère que l’atmosphère respirable sur Terre est partout la même, surtout sur d’autres planètes.

Entre temps, ce sont les émissions de télévision qui seront les plus productives au niveau de la représentation de la conquête spatiale. La série Captain Video passionne les foules. Puis on fera Star Trek dans les années 60. Star Trek a eu tellement de succès dans le monde que l’arrêt de la série a vu NBC plongé sous un million de lettres de fans en colère.  

Un peu comme Fritz Lang, Stanley Kubrick voudrait réaliser un film à la fois réaliste mais portant des éléments d’anticipation car lorsque sort 2001, l’odyssée de l’espace, l’homme n’est toujours pas allé sur la lune. Il y ira l’année suivante. Et vous savez probablement toustes que les complotistes pensent que Buzz Aldrin et Neil Armstrong n’y sont jamais allés à cause des décors de 2001 qui étaient si réalistes que la rumeur veut que Kubrick ait filmé ce fameux alunissage. 

2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick

Espace oppressant

L’aspect réaliste et scientifique prend le pas et bon nombre de réalisateur·trices privilégie ces aspects et donc l’intérieur de leur vaisseau plutôt que d’autres planètes. L’heure du huis-clos spatial sonne ses heures de gloire avec Alien ou Solaris et sera repris ensuite énormément de métrage.

L’espace est le meilleur endroit pour un huis-clos car même l’extérieur est un danger. Sur Terre, le huis-clos est moins prenant car nous savons que l’extérieur n’est pas si dangereux (sauf si l’univers du film se place sur une Terre dévastée et/ou polluée).

Ici, l’intérieur qui devait être sécurisant se révèle être une tombe. Et comme le dit si bien la phrase d’accroche d’Alien “dans l’espace, on ne vous entend pas crier”. Phénomène scientifique peu respecté dans les films d’ailleurs ! Mais bon. Passons.

Le huis-clos spatial a donc plusieurs avantages non-négligeables pour une intrigue. En plus, de se rendre compte qu’il n’y a plus aucun échappatoire lorsque la menace vient de l’intérieur. Mais aussi la peur de mourir seul·e et perdu·e dans l’espace, donc d’être oublié·e. Et si l’on ne meurt pas tout de suite, de devoir attendre la mort ou de devoir se l’infliger soi-même. Que de belles perspectives !

Il y a aussi tout la représentation et l’angoisse du vide sidéral qui est quelque chose, que personnellement, j’ai dû mal à appréhender car je ne le vivrais jamais. Et donc, c’est sûrement une chose qui entre en ligne de compte. Qu’est-ce que cela fait de mourir dans l’espace ?

Beaucoup de films dans l’espace, Alien le premier, va mêler peur de cet espace et présence inconnue et extraterrestre. Mais pour les symboles de l’Alien au cinéma, je vous renvoie dans mon Symbole sur le sujet !

Découvrir les symboles de l’alien au cinéma : « L’évolutions des symboles des aliens au cinéma »

L’exploitation, toujours l’exploitation

Après la conquête spatiale, vient le temps de poser ses valises sur une autre planète, le temps de l’exploitation d’un autre sol commence. Et il commence avec Outland de Peter Hyams qui propose qu’une colonie d’humains exploite le sol d’un des satellites de Jupiter. Évidemment, ça ne va pas bien se passer.  

Les robots, acteur majeur dans l’espace

Il y a un personnage qui revient très souvent dans les films spatiaux, c’est le robot ou l’IA. Une machine peut surpasser l’homme dans sa condition physique et donc l’assister dans son périple de plusieurs années. 

Je ne vais pas trop m’étendre car je ferais probablement un Symbolik sur le robot en général. Mais c’est un accompagnateur puis son rôle est inversé, il devient celui qui dépasse l’homme et donc devient une menace. 

Le vaste espace 

Si les films dans l’espace font souvent appel à notre claustrophobie et notre angoisse d’un lieu qui n’est plus sûr, il nous évoque aussi le plus large espace possible. L’univers continue de s’étendre depuis le big bang et les distances évoquées sont si gargantuesques qu’il est difficile de les appréhender avec l’esprit. 

C’est pour cela que bon nombre de films spatiaux ont recours à des choses comme la possibilité de voyager à la vitesse de la lumière ou bien de se cryogéniser pour pouvoir supporter des voyages longs de plusieurs décennies.

Je crois que le symbole principal du cosmos est la démesure. Avec le mystère. 

L’imaginaire n’est pas mort avec le space opera

Mais rassurez-vous l’imaginaire n’est pas mort avec 2001 ! Une des autres branches du cinéma spatial est, bien sûr, le space opéra

Le space opera est défini comme des films épiques se déroulant dans l’espace, du genre science-fiction et surtout ayant un contexte géopolitique complexe. Il peut y avoir de la rigueur scientifique ou pas du tout. On peut compter parmis ce genre les guerres intergalactiques ou les colonies à grande échelle d’une partie de l’univers.

Le premier space Opera serait le film Planète Interdite de Fred McLeod Wilcox. Mais le film reste très centré sur une seule planète contrairement à la définition qui veut que le contexte soit très vaste.

Dans ces films, avec Star Wars et Star Trek en chefs de file, l’imaginaire, l’esthétisme et un peu plus de laisser-aller niveau science, continuent de vivre en parallèle. 

Star Wars 9, l’ascension de Skywalker de J.J. Abrams

On pourra remarquer que parfois, dans l’imaginaire commun, l’espace est vu comme une sorte d’océan où l’on flotte. Même le président Kennedy a fait le parallèle dans un discours de 1961. Ces films restent souvent des films imaginaires, peu scientifiques et souvent des films d’animation où le rêve est accepté.

Équilibre entre réalisme et cinéma

Le film spatial doit donc trouver son équilibre entre crédibilité et intérêt de son scénario. Car c’est bien beau de vouloir être le plus réaliste possible mais si ça ne suit pas derrière, ça pose problème. Mission to Mars de Brian de Palma en a fait les frais. Malgré tout la bonne volonté d’être le plus proche de la réalité, le scénario n’a pas convaincu.

Sachant que le public n’est pas égal devant le réalisme. Par exemple, j’ai pas vu les problèmes de Seul sur Mars mais d’autres ont été profondément choqué par beaucoup d’aspects. Le dilemme “réalité vs. histoire” est toujours un peu touchy. J’aime bien quand c’est réaliste mais je ne suis pas toujours capable de savoir quand ça ne l’est pas, par exemple. En gros, tant que votre suspension d’incrédulité est toujours présente, le film passe.

Il y a pleins d’exemples de choses qui ne sont pas réalistes mais qui permettent d’aider au scénario et que la plupart des spectateur-rices laissent passer. Un trou dans un vaisseau prendra souvent quelques secondes à se vider complètement dans la vraie vie au lieu des minutes que les films nous présentent. Mais si on est réaliste, la scène perd de sa tension et bien souvent, on perd le héros ou l’héroïne avec. Donc il est des conventions que l’on doit garder malgré la volonté d’être réaliste. L’autre astuce scénaristique est quand on peut voir le visage des acteur·trices dans leur casque, parce qu’éclairés de l’intérieur, sauf que si tu fais ça, bah la personne ne voit rien à l’extérieur. Bien pratique !

Et il y a énormément de petits détails qui feraient qu’un film dans l’espace réaliste serait très différent des autres films d’action par exemple. Pas d’explosion, pas de cri, pas de trou noir spectaculaire (vu qu’on le voit pas uhuh, on voit juste la déformation de l’espace autour) et pas forcément de gens qui gèlent (eh oui).

D’ailleurs, on peut remarquer une nette hausse des films qui essayent d’être très proches de la réalité ces dernières années. Il y a Gravity, qui visiblement fait le taff plutôt bien et Interstellar, qui prend plus de liberté mais reste ok. Deux mastodontes qui ont une volonté d’allier science et récit. 

Gravity nous parle du syndrome de Kessler, le fait que des milliers d’éléments gravitent autour de la Terre, et qui potentiellement, va nous empêcher d’envoyer d’autres choses dans l’espace. On est quand même fort ! J’ai appris en faisant ce script, que l’ISS a failli se manger un petit morceau d’un satellite russe et éteint depuis longtemps en 2014 et qu’elle a dû changer d’orbite en moins de 24h, sous peine d’avoir de sérieux problèmes ensuite.

Interstellar, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, essaye de rendre visuellement un trou noir crédible. Visiblement, Christopher Nolan a fait viré des éléments qui ne lui plaisait pas mais dans l’ensemble, on serait pas loin.

L’espace intéresse mais pas que pour des notions d’imaginaires et de conquêtes mais bien pour comprendre ce que ces gens qui sont là-haut pensent et ressentent. De plus, la NASA et l’ESA, l’european space agency, ont su faire un travail de communication et rendre leur travail plus accessible. Le public est donc plus au fait des avancées et se montrent sûrement plus critiques devant un film se voulant réaliste. 

Le seul hic est que l’espace n’est pas une chose totalement maîtrisée. Les éléments étudiés sont très loin et pas toujours faciles à observer (toujours ce fameux trou noir par exemple). Donc même les scientifiques sont encore en train de travailler dessus. Donc il existe encore des choses à découvrir et donc pour le moment, il n’y a que les mythes et les fantasmes qui nous permettent de les appréhender. Et comme au début du cinéma, dans quelques années, si nous sommes toujours en forme pour faire du cinéma, nous nous moquerons gentiment de ces humains du 21e siècle qui ont tenté de représenter l’espace du mieux qu’il pouvait.

Gravity d’Alphonso Cuaron

J’espère que cet épisode vous aura plus ! Perso, l’espace est un lieu qui m’angoisse plus qu’il ne m’attire mais j’aime bien les films se situant dans cet espace, justement. Si ce travail t’a plu et intéressé, partage la vidéo jusqu’au bout de l’univers ! J’ai aussi un Tipeee et un Utip pour celleux qui auraient du temps ou de l’argent pour m’aider à continuer mon aventure au travers des symboles de l’univers ! Et sur ce, je vous dis à bientôt, portez-vous bien et ouvrez l’oeil !

  • Voyage dans la lune Georges Méliès (1902)
  • La femme sur la lune Fritz Lang (1929)
  • Destination…. Lune Irving Pichel (1950)
  • 2001, l’odyssée de l’espace Stanley Kubrick (1968)
  • Alien, le huitième passager Ridley Scott (1979)
  • Aliens, le retour James Cameron (1986) 
  • Life – Origine Inconnue Daniel Espinosa (2017)
  • Gravity Alfonso Cuarón (2013)
  • Interstellar Christopher Nolan (2014)
  • Seul sur Mars Ridley Scott (2015)
  • Star Wars – Les derniers Jedi Rian Johnson (2017)
  • Sunshine Danny Boyle (2007)
  • Event Horizon : le vaisseau de l’au-delà Paul W.S. Anderson (1998)
  • La planète au trésor Ron Clements & John Musker (2002)
  • “Nova” Black Hole Apocalypse Rushmore DeNooyer (2018)
  • 1969 en direct de la lune – Archive INA 

Raphaëlle Roux

Je suis une sorte de couteau suisse du web : graphiste, illustratrice, vidéaste et photographe.

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