live-Retrospective

Recommandations culturelles du mois d’octobre 2022

Littérature

Les âmes dévorées de K. W. Jeter (1999)

Dee est une enfant de 10 ans qui semble plutôt perturbée par des cauchemars extrêmement réalistes. À cause de ses cauchemars, elle agit étrangement, allant jusqu’à essayer de tuer son père. Sa mère, dans le coma depuis des années, continue de végéter, ne semblant jamais vouloir mourir. 

Je lis peu de livres d’épouvante, j’en trouve peu donc c’était un peu nouveau pour moi. C’était sympa mais sans plus. L’histoire était étonnante, je ne savais pas du tout vers quoi j’allais. 

J’ai dû m’habituer au style qui était très très détaillé. On s’y croirait presque. 

Je n’ai pas grand-chose à dire sur ce livre. C’était plaisant mais sans plus. 

Comme une autobiographie d’Akira Kurosawa (1997)

La biographie d’Akira Kurosawa par lui-même.

Comme pour celle de Buster Keaton, j’ai adoré. Kurosawa est extrêmement drôle, il a regard très distant de sa propre vie et la décortique avec beaucoup de détails et en même temps, avec pudeur (japonais oblige). À plein de moments, il a écrit “je ne vais pas m’étendre sur telle chose sinon j’écrirai un trop gros livre” et moi qui regrettais qu’il se limite !

La bio est passionnante car en plus de nous livrer des anecdotes de tournage sur ces films et ceux des autres, il nous décrit un peu le Japon des années 1910 à 1950. On peut y apprendre des choses sur une personne ayant vécu le séisme du Kanto, qui a détruit Tokyo quasiment en entier. On en apprend aussi pas mal sur les grèves au Japon, les mouvements artistiques prolétaires et militants ou comment un sans-le-sou vivait à cette époque. Il est né dans une famille de descendants de samouraïs mais qui vivote et qui vont perdre en prestige au fil des années. On peut aussi découvrir la vie d’un écolier japonais de cette époque, le traitement des professeurs mais aussi entre élèves. 

De plus, Kurosawa est un sanguin donc j’ai beaucoup ri quand il a parlé de ses bagarres avec les éclairagistes ou les censeurs japonais de l’après-guerre.

Bref, passionnant pour celleux qui s’intéressent à cette culture mais aussi au cinéma.

Podcast

Batman Autopsy (2022)

De Douglas Attal

Avec Dali Benssalah, André Dussollier, Ana Girardot et Thibault de Montalembert

Bruce Wayne est un médecin légiste. Il travaille sur les victimes d’un criminel appelé le “moissonneur”. Plus il travaille dessus, plus il s’enfonce dans les traumatismes de son esprit.

Recommandé par LysSombreciel.

J’ai adoré ! L’ambiance est vraiment bonne, l’intrigue très cool avec un plot twist que j’ai trouvé intéressant et que j’ai pas vu venir jusqu’au moment où le podcast veut que l’on se doute de quelque chose.

Les voix sont super, celle de Batman est très bien et ressemble à celle que je connais via les dessins animés de mon enfance. Le reste du casting est nickel. Ça nous aide à nous immerger dans cet univers, qui, n’est pas comme celui que l’on connaît forcément. 

D’ailleurs, l’un des antagonistes est traité, lui aussi, différemment, ce qui n’est pas pour me déplaire car il devient un très chouette personnage à suivre. Et puis il y a mon méchant fav de Batman donc voilà, la série a eu fini de m’avoir complètement.

Normalement, je ne suis pas trop podcast car je n’ai pas le temps d’en écouter (je ne cuisine pas assez longtemps et quand je marche, je marche en musique) mais là, je regrettais de ne pas trouver de temps pour en écouter plus. C’était donc mon occupation du matin pendant le petit déj.

Par contre, le titre de la série me fait rire car j’attends toujours les autopsy !

À écouter si un format différent sur Batman vous emballe ou si vous êtes fan de la chauve-souris !

Série

Severance (2022)

De Dan Erickson

Avec Adam Scott, Zach Cherry, Britt Lower

Mark Scout est un employé de Lumon Industries, une entreprise un peu spéciale puisque certains employés ont subi une intervention irréversible : la séparation de leurs souvenirs entre vie privée et vie salariée. Mark ne se souvient pas de lui à l’extérieur quand il travaille et n’a aucun souvenir de ce qu’il fait au travail quand il retourne chez lui. Il accepte cette routine jusqu’à son meilleur ami disparaît.

C’est une série très intelligente. C’est une énorme satyre sur le monde du travail, qui glisse progressivement vers les doctrines religieuses. Le monde du travail est très cliché et caricatural de l’entreprise américaine où tout est bien propre, tout le monde doit être gentil, tout est organisé, ce qui nous plonge dans un sentiment de malaise. On sent que tout est fake et pas normal. Surtout que le travail demandé est absurde. 

La dissociation est hyper bien gérée. Le concept est poussé vraiment à fond. J’ai cherché des moments d’incohérence mais je n’en ai pas trouvé. Les questions morales qui sont posées dans la série et que l’on se pose sont intéressantes. Le concept est tout bête mais très intelligent et pas si loin de nos vies au final (même si chez nous, c’est plus l’absence de frontière que l’on vit). 

Il y a des mises en scène plutôt sympa. Le suspense de l’intrigue est vraiment bien mené. À chaque épisode, j’avais envie d’en savoir plus alors qu’il ne se passe pas grand-chose au début, on se demande où l’on va. Mais l’univers est bien travaillé.

Autre point cool : il y a un couple gay, j’ai eu peur que ça soit que dans le monde du travail mais non, les gens sont gays parce qu’ils le sont ! Et la romance est si mignonne !

Une très bonne série ! J’ai hâte de voir la saison 2, à moins qu’elle soit annulée comme toutes les séries que j’ai aimé.

_Underscore (2022)

Série d’Alt et Gilles Stella

Produite par Arte

Cette série en 5 épisodes décrit les communications numériques modernes, via la perception étrange qu’elles peuvent donner. Les thèmes abordés sont : les complots, les creepy pasta, les gifs, les meme et “not for kids”

J’ai bien aimé cette série, du Alt tout craché ! Elle retrace certaines chronologies pour mieux comprendre les évolutions des technologies. On pourrait penser que cela va se focaliser sur des choses effrayantes mais pas tant que ça. Mis à part les creepy pasta, les autres sujets parcours plein de domaines et pas vraiment ceux de l’angoisse. C’est plus un format sur les modes de langages et les fascinations que cela peut engendrer.

Les courts au début de chaque épisode sont bien réalisés et très chouettes à regarder et découvrir. C’est drôle car je connais la plupart des gens qui ont travaillé sur cette série. Comme Jimmy Valentin pour la réalisation des courts, Le Coin du Masque pour le générique, le Pandora Création ou la productrice. Évidemment, les créatures et maquillages sont cool car fait par Romain Houlès et Metropolis Station. Du beau monde donc !

Un programme court à découvrir : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-022798/underscore/

Film

As Bestas (2022)

De Rodrigo Sorogoyen

Avec Marina Foïs, Denis Ménochet, Luis Zahera

Antoine et Olga, un couple de Français, se sont installés, pour retaper des maisons et vivre de leur potager dans un village de Galice. Tout devrait être cool mais c’était sans compter les voisins, espagnol de souche, qui voient d’un mauvais œil ces bobos qui viennent d’arriver.

C’est un film brutal psychologiquement. Toutes les violences sont légèrement cachées, faites par-derrière, pour échapper aux problèmes. La tension grandit et notre tension aussi. On ne sait pas comment cela va se terminer mais pas bien, ça, c’est sûr. 

C’est un film sur l’opposition entre des gens nés plutôt pauvrement, dans un cadre difficile, qu’ils aimeraient quitter pour survivre et celleux de la classe moyenne qui semblent s’inviter parce qu’iels trouvent ça sympa comme mode de vie. Deux visions du monde qui n’arrivent pas à trouver un compromis ou un terrain d’entente. Il y a aussi un gap fort entre les perceptions des deux camps car l’un a eu accès à la culture et à l’éducation. Les enjeux ne sont pas les mêmes pour ces deux camps et jamais ils n’arrivent à se mettre d’accord.

Est-ce qu’on peut aussi y voir un thème autour de l’égo masculin ? Peut-être. Les femmes de ce film semblent plus enclines au pardon et à l’entraide. Comparé aux mecs qui semblent juste faire les coqs de basse-cour, les femmes, même dans les camps adverses, prouvent leur solidarité.

La narration est étonnante car le film change de tournure à partir d’un certain point. Je ne m’attendais pas à ce changement brusque. 

Le tigre qui s’invita pour le thé (2021)

De Kariem Saleh, An Vrombaut, Benoît Chieux

Avec Benedict Cumberbatch, David Oyelowo et Tamsin Greig

Tiré d’un livre de 1968. C’est l’histoire d’un tigre qui vient prendre le thé chez une gamine et sa reum.

Alors. Je m’attendais à un truc mignon mais c’est giga WTF et cringe. Vu du côté des adultes, on voit tout le comportement problématique du tigre. Je plains la pauvre mère et sa fille. Je ne sais pas comment les enfants voient ce film mais ça me paraît être un mauvais exemple.

Attention spoil. 

Le tigre semble être un vieux pervers. Le mec s’invite et profite de tout avant de disparaître. Et c’est censé être vu positivement ?? Mais dans quel monde ?

Bref, oskour.

Sans un bruit 2 (2021)

De John Krasinski

Avec Emily Blunt, John Krasinski & Cillian Murphy

C’est la suite directe du 1. On suit toujours la famille Abbot qui doit échapper aux aliens aveuglse et sensibles aux sons. La famille décide de partir de leur maison pour trouver refuge ailleurs. C’est alors qu’iels captent un signal qui veut peut-être qu’il y a un endroit safe.

J’ai adoré le 1 avec la scène d’accouchement la plus horrible de tout le cinéma et du monde. J’ai adoré aussi car l’actrice sourde l’est réellement et donc ça fait plaisir que le film ait engagé quelqu’un qui est concerné. Et puis, utiliser la langue des signes pour communiquer est toujours un régal dans les films. 

Le 2 est toujours aussi prenant. Le suspense et l’angoisse que l’on ressent pour les personnages sont toujours aussi bien gérés. J’aime beaucoup tous les membres de la famille. Tous sont attachants. J’ai eu peur que la mère soit mise en retrait mais elle a ses moments de gloire et pas des moindres. Un personnage que j’aime beaucoup, à la fois puissante, maternante et intelligente. J’en veux plus des personnages féminins comme ça. Sa fille n’est pas en reste, toujours aussi cool et stylée. Même le frère est mignon et attendrissant. Vraiment, une chouette famille.

L’ajout d’un nouveau personnage est bien amené. Il est plutôt sympa comme personnage. Bon c’est Cillian Murphy, donc je ne peux qu’aimer. 

Les créatures sont toujours aussi incroyables. J’aime beaucoup leur design et leur spécificité. Elles ont l’air hyper rapide et vivace, contrairement à d’autres.

C’est une suite bien menée, qui, si vous avez aimé le 1, vous plaira. 

Le tigre et le président (2022)

De Jean-Marc Peyrefitte

Avec Jacques Gamblin, André Dussollier, Christian Hecq

Paul Deschanel a été président de la République en 1920 mais personne ne le connaît. Normal, son mandat a duré moins d’un an et pourtant, il a eu l’air d’avoir de belles idées, trop en avance sur son temps. Découvrons son histoire romancée.

C’est un film très drôle car le personnage de Deschanel est délicieux mais aussi très triste car Deschanel est une petite perle rare, trop idéaliste pour ce monde. J’ai adoré l’interprétation de Jacques Gamblin (que j’aime beaucoup, j’espère qu’il n’y a rien sur lui). 

Le personnage de Deschanel, sûrement très romancé, est vraiment très attachant, sensible, gentil, novateur. 

Le contraste avec le personnage de Clemenceau, joué par André Dussollier, est très fort car c’est un homme qui aime le pouvoir, mesquin et arrogant. 

Je ne sais pas à quel point c’est réaliste, même s’il a eu l’air d’avoir pensé à toutes les avancées que l’on cite dans le film : vote des femmes, suppression de la peine de mort, droit du travail amélioré etc. Si c’est vrai, c’est encore plus triste de ce dire que tout le monde s’est moqué de lui alors qu’il apporte vraiment du bon pour le monde. Et que toutes ses avancées seront faites des années plus tard. 

Un joli film mais tristoune, mais drôle.

Les cinq diables (2022)

De Léa Mysius

Avec Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé, Swala Emati

Joanne est une jeune femme qui vit une vie très routinière avec son mari et son enfant, Vicky. Vicky est un nez, elle est capable de reconnaître n’importe quelle odeur. Sa vie va être bouleversée lorsque Julia, la sœur de son mari, revient dans ce village tranquille. Vicky va tenter de reproduire l’odeur de cette nouvelle arrivante et va se retrouver dans des souvenirs étranges.

Vendue comme une sorte de films d’horreur, il n’en est rien. C’est un drame social avant tout, teinté de fantastique. 

Le film ne démarre vraiment que quand Julia arrive. Là, l’histoire s’enclenche et l’intérêt apparaît. Le vrai secret de cette histoire est révélé assez vite mais ce qui est montré est surtout les réactions de chacun·e. 

Les réactions des gens sont terribles. Cela me semble plutôt réaliste, quand on sort des cercles militantes, l’avis des gens n’est pas forcément bienveillant. Cela peut être renforcé dans des petites communautés, comme ce village perdu de la Savoie (je suppose que c’est la Savoie). 

Un film donc plus triste (mais qui finit bien) qu’effrayant. À voir si les drames sociaux vous intéressent. 

Jeu vidéo

Citizen Sleeper (2022)

Du studio “Jump over the age” et de l’éditeur Fellow Traveller.

On incarne un Sleeper, une sorte d’androïd, qui se retrouve sur l’œil, une structure ouvrière où l’on doit faire plusieurs boulots pour survivre. On y rencontrera beaucoup de personnages, d’intrigues, de quêtes et de sous-quêtes. Le but : survivre à la mégacorporation qui veut nous récupérer.

L’aspect le plus intéressant de ce jeu, c’est son écriture. Malheureusement qu’en anglais, on se retrouve avec un système comme à la Disco Elysium, en moins poussé. L’intrigue, les dialogues, la vie et l’univers qui se dégagent sont profonds et complexes. Il y a des moments où l’on ne sait plus qui croire et il faut faire des choix.

Le reste de la mécanique c’est des dés que l’on obtient à chaque début de cycle. En fonction du nombre sur chaque dé, on pourrait obtenir des pourcentages de réussite ou d’échec pour chaque action que l’on peut effectuer. On s’habitue très vite à ce système et le but sera de choisir habilement où mettre nos pourcentages les plus hauts pour avancer. 

Le désavantage de cette mécanique c’est que c’est redondant. Je n’ai pas terminé le jeu pour être honnête. Après 8h, j’ai eu l’impression de faire le tour et les histoires amenées ou le fait que ça soit qu’en anglais, ont eu raison de moi. Mais c’est un jeu très chouette par ailleurs.

À tester pour l’ambiance et quelques personnages très attachants. 

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