L’éphémère et l’éternel

because-my-therapist
De Jessica Hische

Je remarque par des signes anodins que l’éphémère et l’éternel font peur. Alors que ce sont deux notions opposées, elles effrayent. Parfois les deux en même temps, parfois l’une ou l’autre.

Comment je remarque ça ?

On me demande pourquoi je laisse ma coloration s’effacer au lieu de la refaire ou pourquoi je laisse mon vernis s’écailler. Pour mes cheveux c’est simple. J’ai choisi de devenir rousse un temps. Rien ne dure et la vraie couleur de ma tignasse reprend ses droits. De plus, je vous passe le prix du coiffeur. Pour les ongles, c’est la même chose. J’ai choisi pendant un temps d’avoir les ongles colorés. Or ce n’est pas un produit éternel et il est normal qu’il disparaisse. Pourquoi je ne mets pas du dissolvant ? Parce c’est un produit toxique que je n’utilise qu’avec parcimonie et quand est le bon moment ? Juste quatre heures après avoir posé le vernis parce que déjà là c’est plus aussi beau ? Qui dit « là c’est moche, enlève tout ». Certains essayent. Peu réussissent à me le faire enlever. Déjà qu’on se fait dicter sa façon d’être, alors laissez-moi d’habiller et me maquiller comme je l’entend. Chacun ses goûts, mes amis !

De plus j’ai l’impression que voir le temps qui passe fait peur. N’avons nous pas de multiples crêmes anti-rides (les hommes s’y mettent, gloire) ? On ne veut pas voir que la jeunesse s’en va. Ca m’est arrivé. Une fois, lorsque nous étions, avec ma mère dans le train pour aller au travail, un rai de lumière a éclairé son visage et j’ai remarqué qu’elle n’était plus aussi jeune que dans mon souvenir. Cela m’a fait un choc. Autant de voir qu’elle avait vieilli mais aussi de me rendre compte que je n’avais pas fais attention à ça plus tôt. Quand est-ce que j’avais oublié de regarder ma mère ? Troublant.

Passons à l’éternel. L’éternel je l’ai rencontré dans le salon de tatouage de ma soeur mais avant aussi. La première question qui vient quand on parle de ça c’est « et si tu t’en lasses ? ». Avoir un dessin sur sa peau toute sa vie fait extrêmement peur. Heureusement il y a le laser diront certains. Oui, certes.  Peut être parce que les raisons pour vouloir une telle chose est futile pour vous. Mais pour les tatoués cela doit être plus profond (enfin j’espère !). Ce dessin évoque quelque chose. Il est éternellement en nous, ce n’est que sa représentation cutanée, rien de plus.

Le comportement est éternel. On dit bien qu’on ne peut véritablement changer. Je suis d’accord, on peut faire des efforts mais lors de grandes catastrophes, le vrai soi ressort. Ça effraie moins de gens de se savoir égoïste ou timide ou colérique à long terme. Pourtant c’est pire qu’un tatouage pour moi. Le caractère éternel de quelque chose peut me faire peur s’il entre en conflit avec mon propre moi qui lui aussi l’est. Je préfère grandement le changement. J’aime la routine mais il faut constamment que je change de style vestimentaire ou de façon de ma coiffer ou de maquillage pour ne pas répéter tous les jours la même chose. Avant j’étais comme ça. J’avais peur de changer. Alors je rêvais à des cheveux roux et des tatouages.

Maintenant je fais.

Quitte à être éternellement éphémère.

One Response

Add a Comment

You must be logged in to post a comment