Un français

C’est sur un coup de tête que je suis allée voir ce film hier soir. La bande-annonce avait joué sur moi et le sujet n’intéresse depuis que j’ai lu cet article sur Madmoizelle.

Marc (Alban Lenoir) est un skinhead. Il frappe les homosexuels, les arabes et les noirs. Il aime ça. Avec sa bande de potes, Braguette (Samuel Jouy), Grand-Guy, Marvin et Kiki, ils collent des affiches le soir. Mais un jour tout dérape. Le doute s’installe, l’envie de violence n’est plus la même. Marc tente de s’accrocher à ces valeurs qui l’ont porté si longtemps.
Un français de Diastème
Un français de Diastème

Un français est une histoire de rédemption, de culpabilité et de violence. Marc vit dans la violence tous les jours mais celle-ci le tue à petit feu. Il fait une crise de panique et se retrouve chez un pharmacien qui s’occupe de lui, comme de n’importe qui. Car oui, avoir le crâne rasé ne plaît pas beaucoup. Les gens ont peur. Ce qui accentue le sentiment de malaise que Marc vit de plus en plus. Pour finalement, le faire basculer du côté du pardon et du respect sans couleur ou origine.

Ce qui est dur dans ce film n’est pas les quelques scènes de violence mais bien le sentiment de solitude lorsque l’on renonce à être comme les autres de son groupe. Comment sortir d’un système où le clan est roi donc le rejet de l’autre est indispensable ? Comment devenir un paria chez soi, auprès de ses amis de longue date ? Comment renier la haine qui nous a si longtemps entouré, qui nous a façonné, qui nous a tenu debout ? Comment ne pas culpabiliser l’autre de nos malheurs ?

Le fil rouge à ces questions est ce pharmacien qui viendra le voir à l’hôpital, l’emmènera camper en forêt ou viendra le soutenir lorsque l’un de ses proches meurt. Le soutien inattendu d’un homme permet à Marc de sortir de ce monde obscure et d’obscurantisme. Ses amis le rejettent, sa femme lui enlève sa fille sous prétexte qu’il n’a plus de couille. Paradoxe pour moi car c’est en affrontant la haine qu’il devient un homme, en refusant de tomber dans la facilité de la violence que Marc devient un homme donc qu’il a des couilles. Mais je m’égare.

Une scène très intéressante montre Braguette (j’ai oublié son vrai nom), devenu un homme politique pour le FN, venir servir de la soupe aux cochons lors d’une soupe populaire où Marc est.

– Qu’est-ce que tu fais ici ? T’as pas honte ? dit Braguette.

– La même chose que toi, je distribue de la soupe, lui réplique Marc.

Et c’est là l’ironie. Ils ont le même but mais pas le même moyen. L’un exclu des communautés, l’autre prend en compte le besoin de chacun.

Pour en venir (enfin) aux aspects plus techniques du film, il y a pas mal de plan séquence pour littéralement suivre l’évolution de Marc, suivre les chemins qu’ils empruntent.  Il y a toujours des rebondissements et c’est toujours bien amenés, sans a-coups, comme une harmonie, comme si tout devait aller dans ce sens pour permettre à Marc d’évoluer. Le plus dur est de se souvenir des visages car la plupart change de coiffure (ce qui est compliqué pour moi). Les gros plans faits sur le visage de Alban Lenoir sont parfaits. On peut y voir les transformations, les doutes et la détermination au fur et à mesure. Des larmes touchantes aussi.

Petit big up à la référence aux tatouages et au fait de se les faire enlever ou non : un tatouage permet aussi de marquer le passé et de ne pas oublier. Et bien sur, la fin est terrible. Je ne vous spoile rien mais juste un focus sur le fait que la haine est partout et qu’elle n’est qu’un cycle infinie. Mais doit-on se laisser bercer par le pessimisme et le renoncement ? A chacun sa réponse.

Voilà, un film recommandé car nous sommes tous un français. Nous avons le droit de changer de voie.

Portez-vous bien.

Add a Comment

You must be logged in to post a comment